Le procès dans l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État entre dans sa dernière phase ce jeudi 30 janvier 2025, marquant ainsi sa sixième journée d’audience. L’enjeu de cette journée porte sur les réquisitions du ministère public, avec une possible délibération à l’issue des débats.
Lors de l’audience du mercredi 29 janvier, la Cour spéciale a écouté de nouveaux témoins et a procédé à la lecture des procès-verbaux d’audition des prévenus, notamment Olivier Boko et Oswald Homeky, qui avaient auparavant refusé de répondre aux questions du tribunal sans la présence de leurs avocats. Cette décision a permis de rendre publics leurs interrogatoires effectués lors des enquêtes préliminaires.
L’avocat de l’État béninois, Maximin Cakpo Assogba, a requis que la Cour ordonne leur maintien en détention et qu’ils soient condamnés à payer solidairement une amende de 77 milliards de FCFA. Il a également demandé la confiscation des biens de certains accusés, dont Olivier Boko et Oswald Homeky.
Le réquisitoire du ministère public
C’est dans un climat empreint de tension que le procureur spécial Mario Mètonou a entamé ses réquisitions, soulignant qu’il se trouvait dans un dilemme entre “l’amitié, l’affection et le devoir”. Il a rappelé que l’affaire ne portait pas sur un coup d’État en tant que tel, mais sur un complot visant à attaquer l’autorité de l’État, en violation de l’article 193 du code pénal. Il a détaillé les infractions reprochées aux accusés, en se basant sur des éléments matériels comme les fonds retrouvés et les gestes de générosité douteux.
Les réquisitions pour les prévenus
Hugues Adjigbékou, comptable de Rock Niéri, Corneille Gbaguidi, gérant d’une société de Rock Niéri, et Ganiou Sanoussi, chauffeur de l’épouse d’Oswald Homeky, ont été exonérés des charges. Le procureur a requis leur acquittement, estimant qu’ils n’étaient que des exécutants ignorants des objectifs réels de leurs employeurs.
Concernant Oswald Homeky, l’ex-ministre des Sports, le procureur a fait état de son comportement suspect, notamment sa générosité soudaine envers le Colonel Dieudonné Tévoédjrè, chef de la garde républicaine. Cette générosité, associée à un montant important d’argent trouvé chez lui, a été interprétée comme une tentative de manipulation. Le procureur a requis 10 ans de prison et une amende d’1,5 milliard de FCFA à son encontre.
Pour Olivier Boko, l’homme d’affaires, le procureur a concentré son argumentation sur ses moyens financiers considérables, qu’il a jugés suffisants pour financer un projet de coup d’État. Le procureur a mis en évidence la somme de 250 millions de FCFA qu’Olivier Boko aurait transférée à Oswald Homeky et a estimé que l’accusé avait les moyens et l’intention de commettre un attentat contre l’autorité de l’État. Il a requis contre lui 10 ans de prison et une amende d’1,5 milliard de FCFA.
Quant à Rock Niéri, actuellement en fuite, le procureur a demandé 20 ans de réclusion criminelle et une amende d’1 milliard de FCFA. Il a souligné que sa fuite trahissait son implication dans l’affaire.
Les derniers mots des accusés
À la fin des réquisitions, les prévenus ont eu l’opportunité de s’exprimer devant la Cour. Olivier Boko soutient toujours qu’il est “innocent” et a vivement contesté les accusations. Il a réfuté toute implication dans un complot contre le président Talon. Pour lui, un tel projet ne serait pas compatible avec sa décision de revenir au Bénin, en pleine nuit, après avoir été appelé par le président. Il a également mis en question les preuves avancées par le procureur, soulignant qu’il n’avait jamais eu de discussions avec le colonel Tévoédjrè sur un coup d’État. Enfin, il se remet à la foi divine. « Rien n’est éternel, sauf Dieu. Tout passe ! » a-t-il conclu.
Oswald Homeky, pour sa part, a pris la parole après Olivier Boko, exprimant sa frustration et se montrant résigné face aux accusations. « Le pouvoir mange ses propres enfants. Parfois, malheureusement, ce sont les enfants les plus légitimes et les plus loyaux qui, par un concours de circonstances, sont victimes », a-t-il déclaré, en référence à sa chute politique.
En somme, pour les deux principaux accusés, cette affaire est une scène montée de toutes pièces. Olivier Boko en est bien convaincu : « Cette histoire est cousu de fil blanc ». Mais indirectement, l’ancien ministre des sports en appelle à la conscience de leurs accusateurs. « Si c’est ainsi que mon ami (le colonel) souhaite avoir ses galons de Général, je lui souhaite bonne chance », s’exclame-t-il.
L’audience a été suspendue après les déclarations des prévenus, marquant une pause avant la délibération finale.