Loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle au Bénin : Kabiessi Oba Alajasè de Porto-Novo, le roi de Parakou et les têtes couronnées de la vallée de l’Ouémé plaident auprès de Louis Vlavonou

LOI CHEFFERIE

Intenses activités au cabinet du Président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, ce 27 mars 2025. Tour à tour, sa Majesté le roi Kabiessi Oba Alajasè Onikoyi Abessan 6, sa Majesté Akpaki Gobi Yinsè, roi de Parakou, et la communauté des têtes couronnées, rois, notables et cadres de la vallée de l’Ouémé se sont succédé au palais des gouverneurs pour une seule cause : œuvrer pour la reconnaissance de leurs chefferies dans la loi n⁰ 2025-09 portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin.

L’audience accordée à toutes ces têtes couronnées a tourné autour du même point, cette loi controversée dont l’application devient de plus en plus inquiétante. En effet, le motif qui sous-tend leur déplacement auprès du Président de l’Assemblée nationale, n’est rien d’autre que la méconnaissance de l’histoire de leurs royaumes par le comité scientifique mis en place et dont les travaux ont influencé le vote de la fameuse loi sur la chefferie traditionnelle. « Nous sommes arrivés pour lui faire comprendre la situation de la cité aux trois noms. Parce que c’est trois événements, c’est trois religions et c’est trois histoires. Et chaque cité a sa date d’existence. Nous sommes venus réclamer notre droit d’existence en lui disant que nous sommes les premiers occupants de la cité aux trois noms. Dans les normes, selon nous, ce n’est pas une seule personne qu’on doit désigner parce que c’est des choses différentes. Le Président de l’Assemblée nationale nous a compris et le reste, il saura comment procéder », a déclaré Mamoudou Eyissê alias “Mister Okéké”, porte-parole de la délégation conduite par sa Majesté Kabiessi Oba Alajasè Onikoyi Abessan 6.

Parakou qui en veut plus… La délégation venue de la cité des Koburu, n’a pas aussi caché son indignation face à l’organisation officielle qui délimite désormais le Bénin en seize (16) royaumes, quatre-vingt (80) chefferies supérieures et dix (10) chefferies coutumières. À sa sortie d’audience, Baboni Alassane Baparapé, porte-parole de la délégation des têtes couronnées de Parakou, a d’abord salué l’esprit qui a gouverné la prise d’une telle loi au Bénin : « Nous sommes venus ici dans le cadre de la nouvelle loi qui a été votée pour la chefferie traditionnelle. Nous avons constaté qu’à l’intérieur de cette loi, il y a des difficultés par rapport au royaume de Parakou. Nous sommes donc venus de vive voix dire au Président de l’Assemblée nationale que nous sommes très contents du vote de cette loi, que nous reconnaissons l’effort qui a été fait. Nous savons que nous venons de loin parce que dans un passé récent, il y en a eu qui ont dit que les chefferies traditionnelles, c’est de la féodalité et ils ont combattu ça. Aujourd’hui, nous avons un pouvoir qui a le souci de rehausser la chefferie traditionnelle et nous ne pouvons que remercier le Chef de l’État et l’ensemble des députés », a-t-il affirmé.  Toutefois, la délégation a été on ne peut plus claire sur son indignation par rapport aux conclusions des travaux du comité scientifique. « Nous avons constaté que Parakou n’a pas été pris en compte. Il eût fallu qu’on ait le courage de puiser dans ce que l’homme blanc est venu trouver dans chaque région et on allait parfaire la loi. Cette loi devrait être un soulagement au lieu d’être une peine. Parakou doit être reconnu comme royaume parce que Parakou est un royaume et dans le nord, en dehors du Nikki, aucun autre roi ne peut se prévaloir à la hauteur du roi de Parakou. Donc qu’on classe Parakou dans les chefferies traditionnelles, c’est une erreur et on est venu porter ça à l’attention du Président de l’Assemblée nationale. En dehors du roi de Parakou, il y a six chefs supérieurs qui doivent être pris en compte dans le royaume de Parakou et qui ne l’ont pas été. Nous sommes aussi venus porter cette information. Nous avons été très bien reçus et les mots du Président nous sont partis droit au cœur et nous attendons seulement la suite… », a confié Baboni Alassane Baparapé.

Quid de la délégation de la vallée de l’Ouémé ?

Pour Frédéric Mahoutin Kpanou, porte-parole de la délégation de la communauté des têtes couronnées, rois, notables, cadres et des jeunes de la vallée de l’Ouémé, en dehors de Dangbo, la vallée de l’Ouémé réclame davantage, dans la délimitation rendue officielle. « La délégation des populations, cadres et têtes couronnées vient d’être reçue par la Président de l’Assemblée nationale suite au vote de la loi sur la chefferie traditionnelle. Nous lui avons présenté nos doléances et il nous a rassurés en bon père. Brièvement nous avons porté au Président de l’Assemblée nationale la situation de la vallée de l’Ouémé qui, malgré la multiplicité dont elle regorge, aucune royauté n’a été reconnue par la loi en dehors de la chefferie traditionnelle de Dangbo », a-t-il déclaré en face de la presse.

Selon lui, il est encore temps d’œuvrer pour éviter des tensions sociales inutiles aux conséquences fâcheuses. « Pour éviter les tensions et les crises inutiles au sein de la communauté, nous avons jugé utile d’aller vers le Président de l’Assemblée nationale pour lui dire les subtilités, les réalités sur la question des royautés au sein de la communauté Wèmè. Le Président de l’Assemblée nationale nous a rassurés que vu les audiences qui sont en train d’être faites, quelque chose sera fait pour arranger le peuple béninois », a-t-il témoigné.

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