L’éditorial d’Arimi Choubadé
2024 fut vraiment épouvantable pour beaucoup de Béninois, comme la plupart des années précédentes d’ailleurs. Janvier nous était apparu avec une perspective plus ou moins positive après la première rencontre en fin d’année 2023, au palais, entre une délégation du parti Les Démocrates conduite par Yayi Boni reçue par le chef de l’État lui-même. Une autre avait suivi en début d’année 2024. Dans la foulée, un revirement du Bénin au sujet du Niger avec en toile de fond la renonciation à toute idée de libération de l’otage de Niamey et de la levée imminente des sanctions contre le voisin du Nord-ouest. On croyait rêver à l’avènement d’un Bénin révélé, cette fois-ci, dans le sens inverse de celui de 2016. C’était juste un feu de paille.
Les opposants béninois l’ont appris à leurs dépens lorsqu’ils se sont retrouvés dès février dans le piège de : “proposition de modification du code électoral contre révision de la constitution”. À peine ont-ils sorti leurs amendements sur le fameux code de la discorde conformément aux vœux exprimés par le chef de l’État que le propre camp du même président Talon a décidé de mettre dans la balance ses contre-amendements assortis d’une proposition de révision de la constitution. Le calendrier parlementaire a été aménagé de sorte que la révision devait passer avec le débat sur le code. Le chantage parfait destiné à juguler l’usage par l’opposition de sa minorité de blocage. Ce qui devrait arriver arriva. Le tripatouillage constitutionnel a échoué. Ce qui a déclenché la proclamation solennelle de la dictature de la majorité synonyme de durcissement des dispositions déjà crisogènes du code électoral.
Pendant ce temps, le dégel annoncé avec le Niger s’est transformé en chienlit. Le port de Sèmè-Kpodji dédié spécialement à l’écoulement du brut nigérien s’est brutalement transformé en un champ de tiraillements entre les deux États avec des épisodes très caustiques. Il a fallu une intrusion bien inspirée des anciens chefs d’État béninois, Nicéphore Soglo et Yayi Boni, pour faire baisser la tension sans parvenir à une pacification définitive. Pour sa part, l’inimitié latente entre le Burkina et le Bénin ne s’est pas fait prier pour compléter le tableau suite au mémorable réquisitoire du capitaine Ibrahim Traoré sur de présumés dispositifs militaro-terroristes hostiles à son pays sur le territoire du voisin.
Impossible de passer sous silence le sprint final 2024 après le rapt de Steve Amoussou en territoire togolais par un corps expéditionnaire venu spécialement du Bénin. Pendant que les athlètes de la planète rivalisaient de prouesse aux JO de Paris, les nôtres étaient allés à la capture d’un supposé activiste anti-régime pour le compte de la justice béninoise. Au moment où l’opinion pataugeait dans ce montage juridico-politicien inextricable, c’est un sulfureux dossier de tentative de coup d’État qui devrait faire voler en éclats.
La rupture va servir aux Béninois le plat de résistance d’une tentative de coup d’État impliquant un membre du duo régnant, Olivier Boko, ex alter ego de Patrice Talon. Chacun peut ajouter d’autres anecdotes toutes aussi délirantes sur cette année 2024 en plus de la pénitence abjecte imposée à Réckya Madougou et Joël Aïvo.
Que réserve 2025 ?