Le procès de l’affaire Steve Amoussou s’est poursuivi ce lundi, 14 avril 2025, devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme. Pour les chefs d’accusation libellés dans le dossier, « harcèlement par voie électronique, initiation et diffusion de fausses nouvelles par le biais des réseaux sociaux, provocation directe à la rébellion », il a été requis contre Steve Amoussou deux (2) ans de prison ferme et une amende d’un million.
Avant d’en arriver là, le 1er Substitut du Procureur a fait ses réquisitions, en se basant le contenu de certaines chroniques et de certaines déclarations des avocats de l’accusé. Selon lui, ‘’Frère Hounvi’’ a injurié et intimidé des personnes, sous le couvert de l’anonymat. À en croise ces réquisitions, Me Aboubacar Baparapé aurait même laissé entendre, lors d’un point de presse, que Steve Amoussou et ‘’Frère Hounvi’’ constituent la même personne. « Il n’y a plus de chronique du ‘‘Frère Hounvi’’ depuis que Steve Amoussou est en prison », a-t-il fait remarquer. À l’en croire, l’anonymat a donné, à l’auteur des chroniques, un sentiment d’impunité. Ces chroniques ont mis à mal la cohésion nationale, trouve le magistrat.
Selon le 1er Substitut du Procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme, il n’est pas question de liberté d’expression dans ce dossier, mais d’un abus. « On peut critiquer dans l’élégance », a-t-il déclaré. Il s’est permis d’appeler l’accusé à mettre son génie au service du développement. « Je te veux non Sankara, mais Mandela », a-t-il conclu à l’endroit du prévenu.
« Celui que vous avez devant vous n’est pas Frère Hounvi. Rendez-lui sa liberté ! »
Au moment des plaidoiries, la défense de Steve Amoussou, constitué d’une demi-douzaine d’avocats, n’a pas baissé les bras. Ils ont plaidé la relaxe pure et simple pour leur client. Selon Me Hermann Yénonfan, aucune infraction n’est constituée. Il a estimé que le Ministère public n’a apporté aucune preuve, démontrant que Steve Amoussou est ‘’Frère Hounvi.’’
« Celui que vous avez devant vous n’est pas Frère Hounvi. Rendez-lui sa liberté !», renchérit Me Julien Togbadja. Il ajoute que le Procureur spécial accuse sur la base de suppositions. Dans la même dynamique, Me Aboubacar Baparapé a déclaré que le juge ne dispose d’aucun élément pour condamner Steve Amoussou. Il a affirmé que le 1er Substitut du Procureur a fait des affirmations gratuites, sans fondements scientifiques. Son confrère, Me Magloire Yansunnu, a déploré le fait que le Ministère public n’ait pas sollicité la police scientifique pour analyser la voix derrière les chroniques, afin de les comparer à celle de Steve Amoussou. À en croire ses arguments, « le véritable accusé n’est pas dans le box ».
Le président des céans, malgré la fin des réquisitions du Ministère public et des plaidoiries de la défense du prévenu, a mis le délibéré de cette affaire, qui tient en haleine le peuple béninois, au 26 mai 2025. Quant à l’accusé, Steve Amoussou, il a déploré le fait que pendant que les grandes puissances « envoient leurs enfants dans l’espace », grâce aux nouvelles technologies, « le Bénin envoie ses enfants en prison ».