16 septembre 2024

Tchad : une trentaine de médias suspendus à quelques semaines de la présidentielle

Tchad : une trentaine de médias suspendus à quelques semaines de la présidentielle

Le lundi 18 mars 2024, des dizaines d’organes de presse ont écopé d’une suspension de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama). L’instance de régulation des médias au Tchad justifie sa décision par le défaut de parution et le non-respect de certaines dispositions légales par les organes de presse concernés. Les journalistes tchadiens dénoncent une grave atteinte à la liberté de la presse à quelques semaines de l’ouverture de la campagne électorale en vue du scrutin présidentiel de mai.

Coffi Eganhoui

Ce sont au total 31 organes de presse suspendus par la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), essentiellement des journaux imprimés et de sept sites d’information en ligne. Selon le président de la Hama, Abderamane Barka, « il s’agit de l’aboutissement d’un processus lancé il y a quatre années avec la recherche de la régulation des médias ». Il dit avoir fait le constat que ces journaux n’existent plus dans la réalité, car ne respectant plus l’obligation d’une parution au moins par an et celle de faire le dépôt légal.

De leur côté, les professionnels de la presse dénoncent une atteinte à la liberté d’exercer leur métier. Parmi eux, Éric Kokinagué, dont le journal Tribune Infos a été suspendu. Il a confié à nos confrères de la DW Afrique que « cette attitude a toujours animé la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel ». Il juge la décision de la Hama « liberticide » et entrevoit même un lien entre ces suspensions d’organes de presse et l’élection présidentielle qui approche. « A chaque fois que nous nous approchons des échéances électorales dans notre pays, il est question de suspendre bon nombre des médias qui peuvent gêner », a déploré le patron de presse.

Quant au vice-président de l’Union des journalistes tchadiens, il qualifie la mesure de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel d’inappropriée avec le contexte politique actuel au Tchad, à quelques semaines de la fin de la transition que dirige le fils de l’ancien président Idriss Déby Itno. « Voir une trentaine de médias suspendus sur l’échiquier qui n’en compte pas 100, cela veut dire qu’il y a volonté de ne pas informer, de ne pas sensibiliser. Quelle que soit la raison qui sous-tend cette décision, le contexte ne s’y prête pas », pense Nathan Leubnoudji.

Mais la Hama se défend et balaie ces accusations. « Quelqu’un qui n’existe pas, est-ce qu’il pourra exister pendant les élections ? Nous sommes une institution indépendante et nous prenons nos décisions de façon indépendante et collégiale », s’est défendu le président Abderamane Barka. Cependant, il nuance que les 31 organes de presse concernés sont « suspendus » et pas « fermés ». « Donc s’ils veulent exister de nouveau, ils peuvent reprendre les procédures de parution », a fait savoir le président de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel.

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