L’édition 2024 de la fête annuelle de la Gaani au Bénin, est officiellement prévue du 13 au 15 septembre 2024. Cette période rendue public par le 1er Ministre de la Cour impériale de Nikki, Sinadouwirou, après le Conseil des ministres, le 19 juillet 2024, coïncide avec les dates de célébration fixée par la communauté Baatonou et Boo de la commune de Djougou. Une coïncidence mal appréciée à la Cour impériale.
A quoi peut-on s’attendre les 13, 14 et 15 septembre prochains entre les communautés Baatonou et Boo de la commune de Nikki et celle de Djougou ? La question mérite tout son sens quand on se réfère à ‘’la guerre’’ de communiqués qui s’observe ces derniers jours. En effet, après le Conseil des ministres de la Cour impériale, le 19 juillet 2024, ce sont les dates du 13, 14 et 15 septembre qui ont été retenues selon le communiqué rendu public par le 1er Ministre Sinadouwirou ; ceci selon la tradition qui institue que la commémoration intervienne le 12ème jour du 3ème mois lunaire du calendrier Bariba. Dès lors que cette annonce a été faite, en toute évidence, la communauté Bariba, où qu’elle se trouve, est consciente de sa responsabilité pour célébrer cette fête culturelle qui signifie, la joie, la réjouissance, synonyme du début d’une nouvelle année.
C’est sans doute, la décision de la cour royale de Djougou. Malheureusement, ce choix ne convient pas à la Cour impériale. En effet, dans un communiqué datant du 30 août 2024, à sa Majesté Roi de Djougou, son Altesse impériale Sinaboko, Séro Torou Touko Sari, exprime sa désapprobation. « Nous attirons votre attention sur la nécessité du respect de la tradition qui veut que le roi de Djougou organise la Gaani après que nous l’ayons faite à Nikki. C’est pourquoi nous vous demandons de prendre les dispositions utiles pour le respect de la tradition », a-t-il suggéré.Cette mise au point ne semble pas convenir à la communauté de Djougou et sonne mal à l’entendement de l’association Zügü Mèèfon’Zéyo. Elle considère, dans un communiqué publié hier jeudi 5 septembre, parvenu à notre rédaction, cet appel de la Cour impériale comme ‘’des manœuvres de la Cour royale de Nikki pour empêcher la célébration de la fête de la Gaani à Djougou, les 13, 14 et 15 septembre 2024.’’ « L’association déplore l’absence de courtoisie du Sinaboko de Nikki dans sa correspondance au roi Kpétoni Koda VI », a signalé le président, Yoüchaou Djindjirèkpè dans son communiqué. A en croire ses propos, la Ganni est une célébration fortement ancrée dans les traditions du royaume de Djougou depuis la période du commerce caravanier avec l’arrivée des premiers musulmans. Pour cela, « l’association Zügü Mèèfon’Zéyo exhorte vivement le roi à ne céder à aucune pression et à maintenir ferme sa programmation des festivités de célébration de la Gaani », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que : « de part l’histoire, Djougou n’a jamais été un royaume vassal de Nikki et ne l’a jamais fait allégeance. »
De source digne de foi, cette pratique que demande la Cour impériale de Nikki, était une entente amicale entre les deux cours royales, en raison des relations de fraternité et de solidarité entre les deux communautés. Cette entente fraternelle s’explique aussi par le fait que la cour royale de Djougou permet que les autorités politico-administratives honorent de leur présence de part et d’autre afin de rehausser les festivités. Mieux, un genre d’accord que l’on peut qualifier de moderne voudrait que la commune de Nikki abrite la Gaani le jour du Maouloud et que Djougou prenne le relais le week-end qui suit. Mais, à en croire notre source d’information, cela n’a jamais été une exigence, une sorte d’allégeance d’une cour à l’autre.A une semaine de l’édition 2024 de cette grande fête identitaire de la communauté des Baatonou et Boo du Bénin, du Nigéria, du Togo et des autres pays africains, les deux cours royales finiront-elles par fumer le calumet de la paix ? Wait and see !