Au Tchad, l’opposant Succès Masra a effectué un retour remarqué en novembre 2023 après un an d’exil. Les négociations à Kinshasa avec la junte militaire au pouvoir depuis deux ans et demi ont abouti à des concessions entre l’opposant et le pouvoir. Cependant, ses actions et déclarations suscitent des critiques de la part de ses pairs. Ce lundi 1er janvier 2024, sa désignation comme Premier Ministre du gouvernement de transition ajoute une nouvelle dimension à ce scénario politique complexe. Désormais, Succès Masra est un ex-opposant au Tchad.
Des pourparlers qui ont précédé le retour de Masra au Tchad, le président du parti Les Transformateurs a obtenu la suspension des poursuites à son encontre, mais il a aussi cédé sur des points cruciaux tels que la reconnaissance des crimes du 20 octobre 2022 et du calendrier de la transition.
Lors de son premier meeting à N’Djamena après son retour, Succès Masra a surpris l’opinion nationale tchadienne et celle internationale en appelant à l’apaisement et à la réconciliation plutôt qu’à la vengeance. Cet appel a été interprété comme une volonté de tourner la page des conflits passés, mais il a aussi suscité des interrogations sur les motivations réelles de Masra.
Alors que l’opposition, dans son ensemble, prônait le boycott du référendum du 17 décembre, Succès Masra a voté “Oui”. Cette décision a été vivement critiquée par les autres opposants qui le soupçonnent de privilégier ses intérêts personnels au détriment de celui du peuple tchadien. Masra leur a rétorqué : « l’idée de fond, c’est de faire en sorte que cette transition qui a eu un décollage difficile puisse atterrir dans la douceur de manière à ce que les Tchadiennes et les Tchadiens choisissent leurs dirigeants ».
Mais, contre toute attente, Succès Masra a été désigné Premier Ministre du gouvernement de transition ce 1er janvier 2024, succédant à Saleh Kebzabo. Cette nomination intervient dans un contexte où les critiques fusent, accusant Masra de trahison. « Son futur gouvernement aura pour mission d’organiser les élections devant mettre un terme à la transition – ouverte en avril 2021 à la suite de la mort de l’ex-président Idriss Déby – au plus tard en octobre 2024 », indique RFI.
Selon le reste de l’opposition, Succès Masra n’aura plus la confiance du peuple. Le général Déby, président de la transition, a ainsi réussi à dresser l’opposant le plus féroce au Tchad. Quel avenir pour l’opposition tchadienne ?