Le porte-parole du gouvernement béninois a laissé entendre qu’il pourrait “finir au fond d’une cellule”, suite à sa dernière sortie sur les ‘’bases militaires françaises’’ au Bénin.
Par Damien Koffi Konan
Cette fois-ci, Kémi Séba est-il allé trop loin? Le 21 mai dernier, au terme d’une visite aux autorités nigériennes en pleine tension diplomatique entre le Bénin et le Niger, le militant panafricaniste béninois a apporté son soutien aux militaires du CNSP en déclarant, face à l’impossibilité pour ces derniers de démontrer la présence de troupes françaises sur le territoire béninois, qu’il s’agissait plutôt de légionnaires français d’origine africaine évoluant sous uniforme béninois. Le moins qu’on puisse dire est que cette déclaration ne passe pas du tout au Bénin où il s’est installé depuis son expulsion du Sénégal en 2017.
Pour la première fois depuis environ 6 ans, c’est la première fois en effet que toute la machine de propagande du régime de Patrice Talon s’est mobilisée contre l’activiste qui a multiplié les critiques, de plus en plus acerbes contre le président Talon. Il considère ce dernier comme un agent de l’impérialisme occidental et “un serviteur zélé de la Françafrique”. Kémi Séba a aussi annoncé sa candidature pour l’lection présidentielle de 2026 et devient de facto une cible pour le régime.
Menace d’arrestation
Depuis cette sortie, Kémi Séba a poursuivi sa tournée à travers le monde. Mais les sympathisans de l’activiste craignent qu’il soit arrêté à son retour. « Nous voilà assaillis de toutes parts par des pseudos réflexions dites panafricanistes qui fleurissent sur la pauvreté des idées, la pauvreté matérielle, la pauvreté morale…et tout le monde est panafricaniste et ils croient qu’être panafricaniste c’est de faire le théâtre qui se passe au Burkina Faso,…ce qui se fait au Mali ou au Niger », a déclaré l’ex-ministre Lazare Séhouéto lors d’une conférence publique. Plusieurs autres poids lourds du régime ont quant à eux, réclamé l’interpellation de l’activiste afin qu’il réponde de ce qu’ils considèrent comme de la calomnie ou même de la haute trahison. “Les populations béninoises réclament l’arrestation de Kémi Séba”, a écrit sur son compte Facebook l’ancienne députée UP Sèdami Mèdégan Fagla. Un appel auquel semble avoir répondu le gouvernement par la voix de son porte-parole : “Ces propos qu’il (Kémi Séba) tient contre le Bénin, s’il était ressortissant de l’un des pays qu’il nous vend en modèle et dont nous connaissons tous la réalité, au mieux, quand il se réveille le lendemain, il est au fond d’une cellule, au pire, il est six pieds sous terre. Le pire ne lui arrivera pas ici”, a déclaré Léandre Houngbédji.
Depuis son installation au Bénin, Kémi Séba a déjà été arrêté deux fois, la première fois en mars 2018 après son expulsion d’Abidjan où il avait été empêché de tenir un meeting, la seconde fois en septembre 2023 pour des motifs encore inconnus. À chaque fois, cela avait tourné court.