Le procès de l’ancien Directeur Général de la Police Nationale et de son co-accusé, ouvert ce lundi, 16 décembre 2024, n’a pas duré longtemps. Il a été renvoyé pour la date du 27 janvier de l’année prochaine pour le délibéré sur la procédure contestée par le conseil de la défense, notamment des questions d’exception de nullité. Selon Me Habiba Touré, avocate de l’ancien Chef d’État ivoirien, Laurent Gbagbo, il s’agit d’une mauvaise manœuvre. « Si le fait d’émettre des critiques constitue un harcèlement, il y a un vrai problème », a-t-elle déclaré. Suivons ici ses impressions à l’issue du renvoi.
Vous avez soulevé des exceptions de nullité et le dossier est renvoyé au 25 janvier
Le fait même qu’il puisse avoir une audience le concernant est en soi scandaleux lorsqu’on voit la vacuité du dossier. Il suffit de voir ce pourquoi il est poursuivi. Pour des faits de harcèlement sur, dit-on, les autorités politico-administratives de l’État. Qui ? On ne sait pas. Si le fait d’émettre des critiques constitue un harcèlement, il y a un vrai problème. À la CRIET, on devrait mettre la moitié, voire toute la population béninoise, qui pourrait émettre une quelconque critique, qu’elle pourrait formuler vis-à-vis d’une quelconque autorité dans le pays. Formuler une critique n’est pas un harcèlement. C’est gênant le fait qu’il soit là pour ce fait-là.
Il est aussi poursuivi pour incitation à la rébellion. Encore une fois, quand on voit ce qu’il a dit, la critique n’est pas une incitation à la rébellion. Le fait même qu’il soit détenu est scandaleux. Le fait qu’on puisse le poursuivre parce qu’il critique, parce qu’il ne fait que l’usage de sa liberté d’expression, est en soi scandaleux. Cela montre qu’il y a un véritable problème. Parce que, aujourd’hui, si le fait de critiquer même si c’est considéré comme dur par le pouvoir, cela ne justifie pas le renvoi devant une juridiction ou la détention d’un opposant ou de quelqu’un qui formule des critiques.
D’aucuns estiment qu’il voulait lui-même aller en prison
Quand vous utilisez votre liberté d’expression et que vous êtes intimidé ou menacé, du genre : « Si tu continues, je vais te jeter en prison », vous avez deux attitudes. Si vous subissez la situation, vous acceptez finalement qu’on vous muselle, qu’on vous prive de votre liberté d’expression. Si vous le dénoncez, et c’est ce qu’il a fait lorsqu’il a dit, si le fait que je m’exprime, je dénonce, que je critique doit m’amener en prison, amenez-moi en prison. Cela ne veut pas dire qu’il adore la prison. La prison n’est pas un hôtel surtout dans nos États africains.
Il s’est positionné pour critique pour le bien du pays. S’il critique, c’est parce qu’il aime son pays, il a mal pour son pays. Ce qui s’y passe n’est pas normal.
On doit critiquer sans encourir la prison. C’est ce qu’a essayé de faire le Général. Malheureusement ça lui coûte ce que ça lui coûte. Parce qu’il a adopté une position courageuse, il va se retrouver loin des siens en cette fête de fin d’année. Son codétenu lui, c’est clairement un dommage collatéral. Il s’est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.