RDC : les déplacés forcés de quitter le camp de Kanyaruchinya après la prise de Goma par le M23

Des déplacés de guerre montent à bord de camions pour quitter les camps de Goma, le 2 février 2025 AFP ALEXIS HUGUET

La scène est poignante : là où des centaines de milliers de déplacés cherchaient refuge, un immense désert s’étend désormais. Le camp de Kanyaruchinya, situé en périphérie de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est presque entièrement vidé. La raison de ce départ massif, la prise de Goma par le groupe armé M23 et les troupes rwandaises, qui ont fait disparaître en quelques jours ce qui était devenu un véritable fief de la souffrance humaine.

Ce camp, qui accueillait des déplacés dans des conditions de vie particulièrement difficiles, avec des risques de maladies et une insécurité chronique, était l’un des plus grands de la région. Depuis plusieurs décennies, les conflits armés à répétition dans l’est de la RDC ont contraint les populations à fuir en masse, notamment après les attaques du M23, un groupe rebelle originaire du Rwanda.

La prise de Goma le 27 janvier 2025 marque un tournant tragique pour les habitants de la ville et des camps voisins. Cette situation rend les conditions de ces déplacés encore plus dramatique aujourd’hui, d’autant plus que ces gens n’ont plus de maisons à retrouver. Les quartiers de tentes de Kanyaruchinya ont été réduits en cendres. Ce camp de plastique, symbole de la précarité et de l’abandon, laisse place à une vaste étendue de ruines et de débris. Les habitants partis ne savent même pas où ils vont.

L’arrivée du M23 et la pression exercée par le groupe armé ont contraint les déplacés à partir. Bien que certains aient agi de leur propre initiative, d’autres ont fait état de pressions directes pour quitter les lieux. Pendant ce temps, les combats pour la prise de Goma ont causé la mort d’au moins 700 personnes et engendré près de 2 800 blessés, selon un bilan de l’ONU. Goma, stratégiquement située entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, est désormais sous le contrôle du M23 et des forces rwandaises. Des scènes de violence extrême, incluant des exécutions sommaires et des viols, ont été documentées dans les zones contrôlées par les rebelles.

La peur règne désormais dans la région, où les civils se retrouvent pris au piège. Les soldats rwandais, qui patrouillent dans les villages désormais sous leur domination, imposent des contrôles stricts et des corvées de travail forcé aux habitants. La violence des combats, l’instabilité et la famine s’ajoutent aux souffrances des populations déplacées.

Invasion du M23, une menace persistante

Dans les zones voisines, comme le Sud-Kivu, la menace d’une nouvelle avancée du M23 pèse lourdement sur la ville de Bukavu. Le groupe armé n’a pas caché ses ambitions de progresser encore plus loin, menaçant de déstabiliser une fois de plus cette région déjà dévastée par des décennies de conflits.

Les autorités congolaises, face à cette nouvelle escalade, ont annoncé des mesures de défense et mobilisé des volontaires pour contrer l’avancée des rebelles. Les civils, eux, continuent de subir la violence et l’incertitude de l’avenir, dans un contexte où la paix semble un rêve lointain et inaccessible.

Le départ des déplacés de Kanyaruchinya symbolise non seulement un exode massif, mais aussi l’ampleur de la catastrophe humanitaire que subit l’est de la RDC.

Article précédent

Bénin : L’ex-Président de la République, Boni Yayi, chez Adrien Houngbédji

Article suivant

Bénin : l’ex-Président de l’Assemblée nationale rompt avec la vision jusqu’au-boutiste du régime Talon

You might be interested in …