Bénin : l’ex-Président de l’Assemblée nationale rompt avec la vision jusqu’au-boutiste du régime Talon

Adrien-Houngbedji

En dehors de la réapparition de l’ancien président de l’Union Progressiste, Bruno Amoussou, c’est surtout la sortie médiatique de l’ex-Président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, qui suscite moult réactions.

L’apparition et la déclaration de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, lors de la traditionnelle cérémonie d’échange de vœux de nouvel an avec les cadres de son défunt parti, Parti du Renouveau Démocratique (Prd), ce 1er février 2025, resteront gravées dans les annales du régime de ‘’la Rupture’’. L’homme, soutenu de ses lieutenants et militants d’hier, désormais fusionnés dans le parti Union Progressiste le Renouveau (UpR), ne s’est pas armé de gants pour donner une lecture autre que ce qui est érigé depuis 2016, en mode de gestion du Bénin.

En effet, après avoir écouté religieusement les vœux de la part du porte-parole, Falilou Akadiri, celui-là qui a brigué trois (3) fois, le perchoir de l’hémicycle, est visiblement resté nostalgique de la vision de son parti avant la fameuse fusion. Ces caractéristiques avaient pour noms, la démocratie, l’État de droit, la liberté d’expression. « Nous avions créé le Parti du renouveau démocratique (PRD) en 1990. Cela fait trente cinq (35) ans. Nous rêvions de tirer leçons du passé récent de notre pays. Nous rêvions d’un Bénin de liberté. Nous rêvions d’un Bénin où l’État de droit est respecté. Nous rêvions d’un Bénin où la démocratie est le mode de gouvernement. Nous rêvions d’un Bénin dont tous les fils et toutes les filles sont rassemblés. Démocratie, liberté, rassemblement, État de droit. Voilà le rêve que nous avions. C’était ça le rêve ! Quand on dit Démocratie, liberté, rassemblement, État de droit, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que nous voulions que désormais, la transmission du pouvoir se fasse démocratiquement par les urnes. Nous voulions dire non aux coups d’État. Nous voulions dire non à l’autocratie », a déclaré, Adrien Houngbédji.

Adrien Houngbédji regrette-t-il déjà son adhésion au régime de ‘’la Rupture’’ ?

Avocat de son état, l’ancien Président du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) créé en 1990, a subtilement, dans le premier paragraphe de son message exhaustif sur la gestion du Bénin, remis en question les fondamentaux de la gestion du Bénin depuis 2016. « Je ne veux pas faire un discours. Je veux juste vous aider et m’aider à emprunter quelques pistes. Quel était notre rêve ? Nous avions créé le Parti du renouveau démocratique (Prd) en 1990. Cela fait trente cinq (35) ans. Nous rêvions de tirer leçons du passé récent de notre pays. Nous rêvions d’un Bénin de liberté… », s’est-il rappelé, le cœur serré. Selon lui, la démocratie, la liberté de rassemblement et l’État de droit, signifient la transmission démocratique du pouvoir notamment par les urnes. Selon toute vraisemblance, la gestion qui est faite du Bénin sous le régime finissant, laisse perplexe.

« Nous rêvions d’un Bénin dont tous les fils et toutes les filles sont rassemblés. Démocratie, liberté, rassemblement, Etat de droit. Voilà le rêve que nous avions. C’était ça le rêve ! », a-t-il fait savoir.

Le Parti du Renouveau Démocratique ne disparaitra pas

Malgré son appartenance à la mouvance présidentielle grâce à la fusion intervenue entre l’Union Progressiste (Up), l’un des deux partis politiques siamois du régime et son parti, le Parti du Renouveau Démocratique, Adrien Houngbédji refuse la thèse de la disparition du logo arc-en-ciel et le thème ‘’Renouveau’’. « Nous avions créé l’Union Progressiste le Renouveau (Up-R). Nous sommes membres de l’Up-R. Je vous l’ai dit plusieurs fois. Nous ne sommes pas rentrés dedans pour en sortir. Nous sommes rentrés dedans pour y rester, mais pas pour disparaitre. C’est au prix de lourdes négociations que nous avions réussi à avoir ce logo-là. N’avez-vous pas vu qu’il y a l’arc-en-ciel sur l’arbre ? L’arc-en-ciel n’est pas venu là par hasard. N’avez-vous pas vu qu’on a mis le Renouveau ? Le Renouveau n’est pas venu là par hasard. C’est parce que le rêve que nous poursuivions, nous avions voulu qu’on ne l’oublie pas. Voilà pourquoi au moment de nous mettre ensemble avec nos amis de l’Union Progressiste (Up), nous avions fait en sorte que l’arc-en-ciel reste et que le Renouveau soit mis. Ça nous oblige. Quand on dit que le Prd a disparu, les idées ne disparaissent pas.», a-t-il martelé.

‘’Il faut être franc et honnête, c’est la conséquence de l’exclusion’’, l’affaire du ‘’complot contre la sureté de l’Etat’’

Adrien Houngbédji s’est aussi prononcé sur l’affaire rocambolesque du ‘’complot contre la sureté de l’État’’ dont la cour a condamné le jeudi dernier l’homme d’affaires, Olivier Boko, l’ex-Ministre des sports, Oswald Homéky et l’opérateur économique, Rock Niéri, à 20 ans de réclusion criminelle. « Nous voulions dire non aux coups d’État. Nous voulions dire non à l’autocratie. Et quand nous disons non aux complots, nous disons en même temps non aux faux complots, car on ne peut pas être derrière moi sans savoir qu’il y a de faux complots. On ne peut pas être derrière moi sans savoir qu’il y a aussi de vrais complots. Nous avions dit non à tout complot. Nous avions dit que nous voulons que les Béninois vivent libres grâce à la démocratie et grâce à l’État de droit. Si quelqu’un fait une faute, bien sûr qu’il sera puni. Nous ne voulions plus voir des Béninois en exil. Nous voulions qu’ils reviennent tous. Nous ne voulions pas que des Béninois soient en prison pour des délits d’opinion. C’est ça notre rêve. Nous voulions aussi dire non à la misère. Nous voulions dire non aux salaires impayés. Nous voulions dire non au Programme d’ajustement structurel. Nous voulions un pays riche par sa production et nous voulions que si nous obtenons la richesse, tous les Béninois partagent cette richesse », a-t-il déploré.

L’avocat de profession a mis un doigt accusateur sur la politique de l’exclusion, érigée en système de gestion par ‘’la Rupture.’’ « C’est la méthode de gouvernement que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez. Si vous faites un gouvernement de liberté, qui va se lever pour aller dire qu’il va faire un coup d’État ? Je voudrais dire qu’avec ce que nous avions vu cette semaine, il faut être franc et honnête, c’est la conséquence de l’exclusion. La victime n’est pas mon ami et vous savez pourquoi il ne peut pas être mon ami. Donc, ce n’est pas la personne de l’intéressé qui me préoccupe. Ce qui me préoccupe, il ne faut pas qu’un jour, quelqu’un rentre par la droite et l’autre sorte par la gauche. Nous devons rester toujours rassemblés pour construire ensemble le pays », a-t-il opiné.

Occasion pour l’ancien Président de l’Assemblée nationale d’appeler de tous ses vœux le retour des exilés politiques au Bénin. « Ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabres, que nous nous mettions sur table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, que nous trouvions les solutions qui permettent à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire le Bénin », a-t-il plaidé.

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