RDC : le nouveau gouvernement entre en fonction sur fond d’acerbes critiques

RDC : le nouveau gouvernement entre en fonction sur fond d’acerbes critiques

Le gouvernement de la nouvelle Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Tuluka Suminwa, a été investi dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 juin 2024 par les députés à l’Assemblée nationale, pour le compte du second mandat du Président Félix Tshisekedi. Sur 405 députés présents dans la salle de congrès du palais du peuple, aucun ne s’y est opposé alors que seulement 8 députés se sont abstenus. La Première ministre a présenté à cette occasion, son plan d’actions du gouvernement, lequel est vivement critiqué par l’opposition.

Dans son programme, Judith Suminwa Tuluka a annoncé la création de 2,6 millions d’emplois, un programme qui « se chiffre à 92,9 milliards des dollars américains pour les cinq prochaines années et devra être totalement financé par des ressources étatiques et non étatiques, du pouvoir central et des provinces ainsi que des Entités territoriales décentralisées ». La Première ministre s’engage également à « développer des réseaux de communication et d’accès à internet en vue de favoriser l’inclusion numérique et le développement de l’économie numérique dans tous les aspects de la vie nationale » et à « travailler à l’amélioration de l’appareil judiciaire ». « Le Gouvernement mettra en place un fonds d’aide judiciaire en vue de faciliter l’accès à la justice pour les plus démunis et les personnes en situation de vulnérabilité (…et) poursuivra l’amélioration progressive des conditions salariales et de travail du personnel judiciaire et dynamisera le fonctionnement des chambres disciplinaires du Conseil Supérieur de la Magistrature », a-t-elle ajouté. Face à l’insécurité, Judith Suminwa Tuluka a indiqué : « La République démocratique du Congo se défendra face à nos agresseurs, ainsi qu’à leurs complices, ceux qui massacrent tous les jours nos paisibles populations, qui décapitent nos enfants, nos frères, qui violent nos sœurs, nos mamans, qui pillent nos richesses ».

Si ce plan d’actions du gouvernement a été largement approuvé par l’Assemblée nationale majoritairement acquise par Félix Tshisekedi, l’opposition congolaise quant à elle ne cache pas son incrédulité. Le porte-parole de l’opposition à l’Assemblée nationale, le député Christian Mwando, s’est même attaqué à la formation du gouvernement. À l’en croire, c’est un gouvernement « inutilement éléphantesque », qui, selon lui, a été constitué par le Président Tshisekedi de manière « cavalière, sans équité et de manière déloyale envers ses propres alliés ». Le coordinateur du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL), Valéry Madianga, dénonce un budget « excessif » alors que leur « capacité réelle est de 12 milliards ».

Des figures de l’opposition, telles que Martin Fayulu, Joseph Kabila, et Moïse Katumbi jugent les promesses du gouvernement peu réalistes au regard des défis actuels du pays.
« C’est difficile à croire parce que finalement on sait que les gouvernements se succèdent. Le Président est là depuis cinq ans, le Premier ministre est successif. On dit quasi la même chose, que des moyens seront mobilisés. Le Président a même créé une agence de lutte contre la corruption. Sauf qu’après les cinq premières années, les deux coordonnateurs ont été suspendus pour corruption et des cas chaque jour passent dans la presse. On a des dénonciations, des cas de corruption. “Le Congo n’est pas à vendre” a saisi plusieurs fois la justice, a alerté le Président de la République. Là, aujourd’hui même, on vient de publier un communiqué sur la renégociation du contrat chinois (…) on demande à renégocier parce qu’il y a des choses inacceptables là-dedans. Nous, on ne croit plus au discours. On veut les actes. Et effectivement, nous avons demandé il y a un mois à rencontrer la Première ministre pour lui présenter les dossiers urgents de corruption et les mesures urgentes à prendre. C’est sur cela que nous l’attendons et pas sur les discours », a déclaré Jean Claude Mputu, le porte-parole de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » à RFI. Le gouvernement est entré en fonction dans l’après-midi de ce mercredi 12 juin.

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