Le nouveau président en exercice de la CEDEAO a le pied au plancher sur les aspects diplomatiques de son mandat qu’il prend extrêmement au sérieux. Il veut imprimer très vite sa marque et multiplie les initiatives pour y arrivée. Le mardi 18 juillet dernier, soit à peine quarante-huit heures après son élection comme président de la CEDEAO, Ahmed Tinubu a réuni autour de lui à Abuja des responsables trois autres pays pour discuter des transitions démocratiques et de la sécurité dans la région. Le président nigérian Bola Tinubu, s’est entretenu avec des responsables du Niger, de Guinée-Bissau et du Bénin sur la sécurité au Mali après le retrait de la mission de l’ONU (Minusma). Une réunion à l’issue de laquelle il a chargé son « ami » Patrice Talon, président de la république du Bénin se rendre au Mali, au Burkina Faso et en Guinée pour y plaider la cause de la démocratie et du retour à l’ordre constitutionnelle. Un choix qui en a surpris plus d’un, vu la carte de visite de l’émissaire en ce qui concerne la démocratie.
Damien Koffi konan
Levée de bouclier
Les premiers à être pris de court par cette nomination sont les béninois eux-mêmes. Exclue des trois premières élections organisées sous l’ère Patrice Talon, l’opposition béninoise lutte désespérément depuis 7 ans pour « la restauration de la démocratie ». Plusieurs de ses membres dont un professeur d’université chevronné (Joël Aïvo) et une ancienne ministre de la justice sont en prison depuis le début de l’année 2021 après avoir tenté de se présenter à l’élection présidentielle. Un état de fait que le numéro 1 béninois assume sans complexe. Fin d’année dernière devant le président français en visite au Bénin, Patrice Talon a revendiqué son droit de « ne pas vouloir d’une démocratie à la française. »
Mais les plus virulents se révèlent être les néo-panafricanistes très actifs sur les réseaux sociaux et qui sont les principaux soutiens des putschistes de Bamako, Conakry et Ouagadougou. Patrice Talon a reçu ses premières salves presque aussitôt après l’annonce de sa nomination. En meeting à Parakou (nord Benin) le 18 juillet, l’activiste franco-béninois Kémi Séba a dénoncé les dérives autocratiques du président béninois qu’il a désigné comme l’un des agents les plus importants de la françafrique. Le weekend dernier son homologue franco-camerounais Franklin Nyamsi s’esT fendu d’un direct facebook dans lequel il tenté de décrédibiliser Patrice Talon : « Avant d’apprendre à quelqu’un ce qu’il doit faire, il est important de s’assurer que l’on ressemble à ce qu’on s’en va enseigner », pointe l’activiste avant de conclure « Patrice Talon est le dernier à pouvoir donner des leçons de démocratie aux maliens ».