Le militant panafricaniste franco-béninois Kemi Seba a officiellement perdu sa nationalité française. C’est à travers un décret en date du 8 juillet 2024 et paru ce 9 juillet au Journal Officiel que la nouvelle a été annoncée. En réaction, Kemi Seba pense que c’est une nouvelle force que reçoit sa lutte.
Kemi Seba est connu pour ses prises de position virulentes contre le néocolonialisme français en Afrique et le franc CFA. Ses discours et conférences lui ont valu plusieurs expulsions et arrestations en Afrique de l’Ouest. En février 2024, alors qu’il participait à un forum sur la multipolarité à Moscou, il avait confirmé avoir été informé de la démarche du ministère français de l’Intérieur visant à lui retirer sa nationalité française, pour des accusations de « posture résolument anti-française » et d’ « incitation à la rébellion » contre des autorités africaines jugées proches de la France. Kemi Seba, de son côté, a toujours défendu son droit de critiquer la politique française en Afrique.
Les autorités françaises soulignent que les activités de Kemi Seba sont contraires aux intérêts de Paris. Né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français, Kemi Seba conserve néanmoins sa nationalité béninoise. En réponse à cette décision, Kemi Seba a exprimé sa satisfaction. Dans une vidéo diffusée en mars, il avait déjà brûlé publiquement son passeport français, dénonçant ce qu’il appelle la « négrophobie systémique » et le « néocolonialisme » de la France. À l’annonce du retrait de sa nationalité française, il a publié un message sur X.
« Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré, je suis de ce fardeau. J’ai quitté la France depuis bientôt 14 ans à cause de sa politique néocoloniale et de sa négrophobie systémique que je combats depuis l’Afrique frontalement ; j’ai plus brûlé le passeport depuis plusieurs mois déjà (https:// vm.tiktok.com/ZMrAwrHM6/). Je retire la nationalité, car je critique votre néocolonialisme, chères autorités françaises, une reconnaissance (TRÈS PEU STRATÉGIQUE) de votre part, de l’efficacité de mon travail politique contre VOUS AUTRES, les locataires de cette Françafrique. La décision du conseil d’État vient très en retard, mais mieux vaut tard que jamais. Ma lettre de demande d’abandon de nationalité trossait, comme nous les avions annoncés au conseil d’État, sur le bureau de mon avocat depuis plusieurs mois au cas où ce même conseil désavouerait le ministère de l’intérieur. Tout rentre dans l’ordre désormais. C’est maintenant que tout commence. Courage à vous, car vous venez de nous rajouter des tonnes de litres d’essence dans notre moteur politique », a-t-il écrit.