Uranium : le Niger redéfinit son rôle sur le marché mondial de l’uranium

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Malgré les tensions géopolitiques récentes et les revers essuyés par la France, le Niger s’affirme comme un acteur incontournable sur le marché mondial de l’uranium. Autrefois dominée par des partenariats traditionnels, l’industrie de l’uranium s’éloigne aujourd’hui de la France au profit d’autres acteurs, notamment le Niger. Ce pays d’Afrique de l’Ouest confirme sa position clé dans l’approvisionnement en uranium de l’Europe et ouvre une nouvelle page de son histoire dans le secteur nucléaire mondial.

Depuis la découverte de ses premiers gisements, le Niger était le principal fournisseur stratégique pour la France en uranium, notamment par l’intermédiaire de l’entreprise Orano. Les bouleversements géopolitiques actuels qui mettent à mal sa relation avec la France ne semblent pas impacter cette réputation. Avec la perte de contrôle d’Orano sur ses projets d’uranium dans le pays, la France a vu son influence diminuer. Le géant français, qui faisait partie des trois principaux fournisseurs des centrales nucléaires en France, a perdu l’accès à ses deux mines majeures dans le pays africain, un revers stratégique qui a forcé le Niger à diversifier ses partenariats.

Loin de s’affaiblir, le Niger s’oriente aujourd’hui vers une ouverture plus large sur le marché international. Un tournant majeur a été marqué par un accord important annoncé le 19 décembre 2024. La société canadienne Global Atomic a signé un contrat avec un acteur majeur du secteur européen de l’énergie nucléaire. Ce contrat prévoit la fourniture de 260 000 livres d’uranium par an sur une période de trois ans à partir de 2026. Cet accord, qui restera anonyme en termes de client, témoigne de la confiance renouvelée des partenaires européens malgré le contexte géopolitique tendu.

Un avenir prometteur pour la production d’uranium

Le Niger possède d’importantes réserves d’uranium, et l’extension de ses projets miniers devrait renforcer sa production dans les années à venir. La mine de Dasa, au centre de l’accord avec Global Atomic, est l’un des projets les plus prometteurs. D’après l’étude de faisabilité publiée en 2024, cette mine pourrait produire 31 000 tonnes de concentré d’uranium sur 23 ans, représentant ainsi une source stable d’approvisionnement pour l’industrie nucléaire mondiale. De plus, le Niger développe d’autres projets comme la mine d’Azelik, qui viendront renforcer sa production au moment où la demande mondiale en uranium est en forte croissance.

La renaissance de l’énergie nucléaire dans le monde, portée par des pays comme la France et les États-Unis, participe à l’augmentation de la demande en uranium. En 2023, une vingtaine de pays, dont ces deux puissances nucléaires, ont exprimé leur volonté de tripler la capacité nucléaire installée à l’échelle mondiale, entraînant une augmentation significative des besoins en combustible nucléaire. Le Niger, avec ses réserves abondantes, se positionne comme un fournisseur clé pour répondre à cette demande croissante.

L’Europe sollicite toujours l’uranium du Niger malgré les blocages français

Malgré la perte de contrôle d’Orano et les tensions politiques, le Niger continue de fournir de l’uranium à l’Europe. Global Atomic, qui a déjà sécurisé des ventes représentant 12,5 % de sa production prévue, a annoncé en décembre la signature d’un accord pour la vente de concentré d’uranium provenant de la mine de Dasa au Niger. Ce contrat renforce la position du pays africain sur le marché mondial de l’uranium, car il continue à livrer ce minerai stratégique aux pays européens, bien que la France ait perdu sa mainmise sur ces ressources.

Le client européen, un « service public d’énergie nucléaire stratégique », recevra 118 tonnes de concentré d’uranium chaque année pendant trois ans à partir de 2026. Cette vente s’inscrit dans une dynamique où le Niger joue un rôle central dans l’approvisionnement en uranium, en dépit des difficultés politiques et économiques auxquelles il fait face.

Avec ses ressources d’uranium considérables et une stratégie axée sur l’internationalisation, le Niger s’affirme de plus en plus comme un pilier incontournable de l’approvisionnement en uranium. L’accord avec Global Atomic est un signal fort de la crédibilité du projet Dasa et de la capacité du Niger à financer et développer ses mines pour répondre aux besoins du marché international.

La production d’uranium, un minerai stratégique dans le monde de l’énergie nucléaire, place désormais le pays au centre de la scène mondiale, avec des perspectives de croissance impressionnantes pour les années à venir. Le Niger, en diversifiant ses partenariats, confirme sa position clé dans cette industrie cruciale pour l’avenir énergétique mondial.

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