L’ancien ‘’homme fort de la Guinée, Moussa Dadis Camara, a été gracié ce vendredi, 28 mars 2025, par un décret présidentiel, notamment pour des raisons de santé. Une décision qui n’a fait que soulager les attentes, à Kpoyéba, Nzérékoré, comme à Koulé, les fiefs de l’homme qui a dirigé la Guinée du 24 décembre 2008 au 15 janvier 2010.
Le Président par intérim de la République de Guinée a gracié, pour raison de santé, Moussa Dadis Camara. C’est la nouvelle qui fait actuellement le chou gras des mass media en Guinée et au plan international. « Sur proposition du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, une grâce présidentielle est accordée à M. Moussa Dadis Camara pour raison de santé », a indiqué le décret présidentiel lu à la télévision nationale par le porte-parole de la Présidence, le Général Amara Camara.
Selon son jeune frère, Jean Dadis Camara, l’émotion est palpable à Nzérékoré, région d’où est originaire l’ancien chef de junte militaire. « Tout Kpoyéba, tout Nzérékoré, comme à Koulé aussi, tout le monde est content. On remercie monsieur le Président et vous les journalistes également. J’ai suivi le décret à la télévision. Heureusement que je ne suis pas hypertendu, sinon ce n’était pas bon pour moi. J’étais très content. J’ai appelé Lola, Beyla, Macenta, tout le monde est content. Yomou même on n’en parle pas », a-t-il témoigné, tout ému.
La surprise de cette grâce présidentielle est liée au passé de ce militaire. En effet, les Guinéens et l’opinion internationale ont toujours en mémoire le fait marquant de son mandat géré d’une main de fer. En effet, Moussa Dadis Camara a été condamné le 31 juillet 2024, à l’issue d’un long procès médiatisé, à 20 ans de prison par le tribunal de Dixinn, pour crimes contre l’humanité ; référence faite au massacre du 28 septembre 2009 qui a coûté la vie à au moins 156 personnes, dans le cadre de la répression d’un rassemblement des forces de l’opposition dans l’enceinte d’un stade à Conakry. Selon un rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’Organisation des Nations Unies, au moins 109 femmes avaient également été violées.
En dehors de la vive émotion suscitée par cette grâce présidentielle dans les fiefs de cet officier militaire, d’autres, en l’occurrence les familles et les proches des victimes, désapprouvent naturellement cette décision. Selon eux, Moussa Dadis Camara, en détention depuis le 27 septembre 2022, doit purger sa peine jusqu’au bout.