Au cours de sa visite officielle au Bénin, les 13 et 14 mars 2023, le président nigérien Mohamed Bazoum, a évoqué, avec son homologue Patrice Talon, plusieurs sujets de coopération entre le Niger et le Bénin.
Il était notamment question de sécurité et de rapprochements économiques entre les deux nations. Selon les informations officielles fournies par les deux pays, cette visite d’État a tourné autour de trois points. Le renforcement des liens de coopération économique, infrastructurelle et sécuritaire.
A cet effet, plusieurs chantiers sont déjà ouverts par les deux pays concernés. À en croire certaines indiscrétions, le séjour de Mohamed Bazoum a beaucoup plus porté sur les questions sécuritaires. Le Bénin a rejoint, depuis 2021, la liste des pays touchés par la menace terroriste. Une situation pratiquement imprévue qui constitue un véritable casse-tête pour les autorités.
En quête d’une meilleure formule pour contenir l’expansion du terrorisme dans la partie septentrionale du pays, le président Patrice Talon a dû solliciter l’aide de Niamey, beaucoup plus expérimentée dans la lutte contre le fléau. Sur le plan sécuritaire, la coopération entre Niamey et Cotonou concerne donc surtout la lutte contre le terrorisme.
Un accord de coopération est alors établi entre les deux pays depuis le 11 juillet 2022. Un communiqué publié par la partie béninoise à la veille de la visite du président Bazoum indique que « cet accord porte sur les échanges de renseignements, l’assistance aérienne pour suivre les mouvements des djihadistes et des opérations conjointes entre les deux armées béninoise et nigérienne ».
Cette coopération sécuritaire tire sa source notamment du fait que « le Bénin est confronté depuis quelques mois à une montée du péril terroriste à ses frontières nord-ouest mitoyennes du Burkina Faso où des groupes armés profitent du corridor forestier du Parc du W pour commettre des nuisances sur la population », ajoute un autre communiqué du gouvernement nigérien.
Sur le plan économique et des infrastructures, la délégation nigérienne était venue s’enquérir de l’évolution des travaux de rénovation et d’extension au port autonome de Cotonou (PAC), principale porte d’accès aux voies maritimes pour le Niger. Ce pays de l’hinterland est celui qui s’appuie le plus sur le PAC pour ses importations et exportations. A ce titre, le Niger participe financièrement à la construction et à l’entretien de plusieurs infrastructures routières en terre béninoise qui facilitent la mobilité des engins de ses transporteurs.
Mohamed Bazoum est aussi venu à Cotonou pour s’enquérir de l’étape d’exécution par le gouvernement béninois du projet Pipeline Niger-Bénin. Il s’agit ici d’un oléoduc long de 2 000 km qui servira à relier les champs pétrolifères d’Agadem, dans le sud-est du Niger, au port en eau profonde de Sèmè, au Bénin.
Le Bénin se charge de la construction de près de 700 km de cette infrastructure qui permettra au Niger d’exporter son pétrole dont la production journalière est estimée à 110 mille barils, dès juillet 2023. Les bénéfices issus de la vente de ce pétrole devraient logiquement servir aux deux pays qui financent ensemble la construction de l’infrastructure. Sur la question, Mohamed Bazoum a estimé lors de sa visite sur le chantier de Sèmè que « le pétrole du Niger est aussi le pétrole du Bénin ».
En dehors des accords de coopération qui ont fait l’objet d’échange entre les deux Chefs d’État, le Niger est venu s’inspirer du modèle de transformation de l’économie que met en œuvre Patrice Talon.
Mohamed Bazoum s’est rendu à la Zone Industrielle de Glo-Djigbé, que le gouvernement présente comme une première en Afrique de l’Ouest.
Ce cas d’école intéresse particulièrement le président du Niger qui a sollicité un partage d’expériences dans ce domaine, afin de permettre à son pays de commencer par transformer ses matières premières en produits manufacturés avant de les exporter.