La plus célèbre prisonnière du Bénin aborde sa millième journée de captivité, dans une atmosphère bien agitée. Au lendemain du ninisme présidentiel qui a plongé beaucoup de Béninois dans une affliction sans nom ; ni grâce présidentiel ni loi d’amnistie. Sur un ton si cinglant et si glaçant que plusieurs citoyens se demandent si le chef renonçait définitivement à la réconciliation nationale. Douche froide donc sur l’audience présidentielle accordée à une délégation du parti Les Démocrates conduite par Yayi Boni.
Par Arimi Choubade
En claquant son ni-ni face aux caméras, Patrice Talon mesure très bien la portée de sa posture. Il est bien placé pour savoir que mille prisonniers dehors sans Réckya Madougou parmi eux équivaut à la case départ de la tension politique actuelle. En compagnie du professeur Joël Aĩvo, ils cristallisent à eux deux les symboles de l’impasse tant qu’ils demeurent sous surveillance stricte des geôliers. Tout le monde aura compris que le message s’adressait particulièrement aux responsables de Les Démocrates. Et pour cause.
Pour déclencher une telle ire présidentielle, les visiteurs devraient avoir probablement commis une offense à la hauteur de la réplique. Pourtant tout indique clairement que la rupture ne peut prétendre n’avoir aucun intérêt auprès de LD au point de lui claquer irrémédiablement la porte au nez. Comment peut-on alors congédier ainsi des gens dont aura bientôt besoin ?
Lorsque Yayi et sa suite auront fini leur propre introspection, ils comprendraient (s’ils ne l’ont déjà fait) que le régime a annoncé sa volonté de “retouche” sur la constitution par le truchement du président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou le 13 février 2023 lors de son investiture. Or cette révision (retouche) ne peut se faire sans un accord avec les députés du parti de Yayi dont la passionaria demeure derrière les barreaux. Il faut bien trouver le talon d’Achille de cette minorité de blocage.
Est-ce la libération de Madougou ?
