Les critiques fusent à l’encontre des nouveaux dirigeants sénégalais qui auraient « trahi » la lutte panafricaniste. A l’occasion d’une visite officielle à Bamako, le Premier ministre sénégalais a remis les pendules à l’heure et clarifié ce qu’est le combat de son gouvernement.
Le Premier ministre sénégalais le clame haut et fort, « il ne sera jamais reproché une seule déclaration » qu’il avait faite et qui « diffère de celle d’aujourd’hui ». Une réplique assez expressive à la question d’un journaliste à propos des reproches selon lesquels il aurait changé de discours vis-à-vis des pays de l’AES et ne serait plus tout aussi panafricaniste depuis l’arrivée au pouvoir du Pastef.
Justifiant son argumentaire par ses prises de position, notamment après la prise du pouvoir au Mali par les militaires, Ousmane Sonko souligne le caractère arbitraire de l’embargo fait sur le pays par la Cedeao et malheureusement appliqué par le Sénégal de Macky Sall. « Je continue à le dénoncer. Et comme je l’ai dit, sous notre régime, ces genres de pratiques ne pourront jamais prospérer et personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou un pays frère ou alors lui imposer des sanctions de cette nature. Cela n’a pas changé et ça ne changera pas », déclare-t-il.
Quant à l’intervention de la Cedeao au Niger après le renversement du Président Mohamed Bazoum, Ousmane Sonko rappelle que, depuis sa cellule de prison, il avait dénoncé l’opération annoncée par des Chefs d’Etat de la communauté. « Cela n’a pas changé », répète-t-il. Cela dit, le Premier ministre sénégalais rappelle qu’au moment où il était opposant, il n’a jamais dit que le Sénégal rejoindrait « telle ou telle autre organisation », encore moins l’Alliance des Etats du Sahel. Il soutient que ce sont des « amalgames » et invite l’opinion internationale à sortir des « émotions ».
A l’en croire, le Sénégal travaille plutôt à rassembler les Etats de la Cedeao et on ne saurait reprocher cela aux panafricanistes que lui et Bassirou Diomaye Faye demeurent. Aussi s’explique-t-il en ces termes : « Nous sommes tous des pays souverains. Nous nous respectons. Nous devons nous respecter dans nos choix souverains. Nous respectons le Mali dans ses choix. Nous respectons le Burkina dans ses choix. Nous respectons tout le monde. Des choix que nous comprenons […] Beaucoup d’erreurs ont été commises par les Chefs d’Etat de la Cedeao […] Souvent on s’est beaucoup plus intéressés aux symptômes qu’aux causes réelles qui nous ont conduits à cela […] Il faut que nous mettions les émotions de côté et que nous travaillions sur la base de préoccupations concrètes si on se dit panafricaniste. Tout panafricaniste doit avoir comme seul et unique objectif de réunir les Africains au-delà de nos divergences ».
Ousmane Sonko aura été suffisamment explicite, son engagement panafricaniste n’a pas changé depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye et sa nomination en tant de Premier ministre. Les « amalgames » et les « émotions » auront malheureusement fait penser aux uns et aux autres qu’ils se sont détournés de leurs convictions initiales. Le Premier ministre sénégalais invite ses détracteurs à s’en départir pour une observation plus objective et plus saine de la scène politique africaine.