Plusieurs jours après la levée des sanctions contre elles, les juntes militaires de l’Afrique de l’Ouest continuent de bouder la CEDEAO.
Par Julien Coovi
Plus aucune sanction communautaire ne pèse contre le Niger. Elles ont toutes été levées le 24 février à l’issue du sommet extraordinaires des chefs d’état de la Cedeao consacrée à la situation politique, à la paix et à la sécurité dans la sous-région. L’institution sous-régionale a égélement levé plusieurs sanctions politiques contre le Mali et même contre la Guinée.
Constat d’échec
Dans les capitales de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) regroupant le Mali, le Burkina et le Niger, cette décision qui intervient après six mois d’un bras de fer acharné, a été accueillie comme une capitulation de la CEDEAO et de “ses donneurs d’ordre” (sic). En effet, discréditée et conspuée par une opinion publique ouvertement hostile, l’organisation sous-régionale n’a jamais réussi à faire reculer les militaires. Mieux, les rapports avec Bamako, Niamey et Ouagadougou n’ont fait que se dégrader depuis la prise des sanctions au point d’amener les trois pays à se retirer “avec effet immédiat” de l’organisation. Selon plusieurs sources, le ton du dernier sommet était à l’apaisement tandis que l’humilité règnait. Dans son communiqué, la comme indique que les Chefs d’Etat ont pris notent “que le retrait des trois pays aura des implications sur les plans politique, socioéconomique, financier et institutionnel pour les trois pays concernés et pour la CEDEAO en tant que groupe ”. Deux semaines avant cette réunion, le président béninois Patrice Talon admettait publiquement que les sanctions contre le Niger étaient une erreur, du moins du point de vue de leurs objectifs de départ, et qu’il fallait “donner au Niger, au Mali et au Burkina Faso, tout ce qu’ils réclamaient”.
Les juntes boudent
En levant les sanctions sans rien obtenir de ses exigences initiales, les Chefs de’État de la CEDEAO espèrent sauver l’organisation de la dislocation, et ramener les dissidents de l’AES à de meilleurs sentiments. La conférence à invité la Commission de la CEDEAO à “renforcer les contacts de la Communauté avec les trois États membres en mettant à contribution les chefs traditionnels et religieux, les éminentes personnalités, la société civile et les femmes leaders pour l’unité et la sécurité de la région.” Mais cela ne va pas être une sinécure. Plusieurs jours après la levée des sanctions, les trois capitales n’ont toujours pas officiellement réagi, mais ont envoyé individuellement quelques signaux de radicalité. Par exemple, Niamey a indiqué qu’il n’était pas pressé de reprendre ses échanges commerciaix avec ses voisin “hostiles”, en maintenant ses barricades à ses postes-frontières avec le Bénin et le Nigeria, comme si rien n’avait changé. Interrogé de son côté cette semaine sur les dernières décisions de la CEDEAO, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop a indiqué qu’il n’avait pas “à commenter les décisions d’une organisation à laquelle le Mali n’appartenait plus.”
On le voit, le retour des frondeurs risque d’être bien plus compliqué que ne l’a imaginé la conférence des présidents.