Une récente décision du Kremlin mettrait en lumière la complexité des relations entre la Russie et ses alliés d’Afrique subsaharienne. Selon plusieurs sources, Moscou aurait confirmé qu’il ne comptait pas exporter l’avion d’entraînement avancé et d’appui tactique rapproché Yakovlev Yak-130 Mitten vers le continent africain. Or, depuis plusieurs mois, le Burkina Faso, le Mali et le Niger tenteraient d’acquérir ce modèle considéré comme l’un des plus récents fleurons de l’industrie aéronautique russe.
L’acquisition du Yak-130 aurait sans doute été stratégique pour ces pays. Il semble que cet avion aurait pu remplacer aisément les Sukhoi Su-25 Frogfoot utilisés par le Niger, ainsi que renforcer durablement la flotte d’Aero L-39C Albatros en service au Mali.
Malgré le soutien politique et sécuritaire que la Russie fournirait traditionnellement à ces régimes autocratiques, allant de l’appui financier à la présence de troupes privées russes sur le terrain et à certains « cadeaux » militaires, le matériel livrable resterait limité à de vieux aéronefs d’origine tchécoslovaque ou à des hélicoptères soviétiques datant de plusieurs décennies. Ce refus d’accès à une technologie plus moderne aurait sans doute surpris les dirigeants burkinabés, maliens et nigériens, qui pensaient pouvoir obtenir mieux de la part de Moscou.
Les raisons invoquées par le Kremlin seraient multiples. Même en proposant un paiement conséquent, les capitales africaines n’auraient pas réussi à convaincre la Russie de leur céder le Yak-130. Selon des informations recueillies, le Burkina Faso aurait souhaité en acquérir quatre pour remplacer ses Embraer A-29 Super Tucano, tandis que le Niger espérait remplacer ses deux uniques Sukhoi Su-25 Frogfoot et que le Mali envisageait l’achat de six exemplaires pour consolider sa capacité aérienne.
Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cette décision russe. D’une part, le Mali subirait peut-être les conséquences de ses tensions récurrentes avec l’Algérie, partenaire privilégié de la Russie dans la région. D’autre part, l’instabilité institutionnelle chronique dans ces trois pays pourrait également motiver le veto de Moscou sur cette exportation sensible. Enfin, l’état économique préoccupant de ces États, souvent gouvernés par des juntes militaires accusées de corruption, les rendrait peu crédibles aux yeux de la Russie, qui rechignerait à investir davantage dans des partenaires jugés peu fiables. La Russie n’inclurait d’ailleurs pas ces pays dans ses plans futurs, comme en témoignerait leur absence des projets liés au nouvel avion de combat Sukhoi Su-75 Checkmate.
Ce refus répété pourrait avoir un coût diplomatique pour Moscou : à force d’humiliations, la Russie risquerait de perdre l’appui de ses alliés burkinabés, maliens et nigériens, ouvrant la porte à d’autres puissances, telles que la Chine ou la Turquie, toujours prêtes à renforcer leur présence en Afrique de l’Ouest.
Affaire à suivre.