Le chroniqueur, l’activiste ou l’opposant ? L’éditorial d’Arimi Choubadé

Je ne sais comment je me suis retrouvé aux aurores de ce mardi 13 août 2024, dans cette rue de Lomé encore groggy de la scène de vaudeville dont j’ai été personnellement alerté depuis la veille par des amis. Le frère Hounvi aurait disparu des radars en ces lieux, kidnappé et emporté vers une destination inconnue.

Un monsieur que je ne connais que par ses chroniques trempées dans l’audace et le défi avec cette signature particulière à la fin de chacun de ses brûlots : “opposant sans peur”. Comme lui, moi aussi je signe hebdomadairement une chronique sur les avatars du régime de la rupture comme je le faisais sous Kérékou et sous yayi. Intrigué, je voulais savoir si c’était le chroniqueur qui était visé ou l’activiste des réseaux sociaux, ou encore l’opposant “sans peur”.

En fait, je voulais me rassurer par moi-même de la véracité des faits en faisant le déplacement depuis Cotonou. En dehors de la folle clameur sur sa disparition, je n’ai pu glaner des informations concrètes sur sa destination ou sur l’identité de ses ravisseurs. La rumeur évoque pêle-mêle une œuvre de la police républicaine béninoise ou des services de renseignements à la solde du régime de la rupture. Toute chose qu’on ne saurait considérer comme de l’argent comptant. Néanmoins la préoccupation demeure vive et circonspecte.

Si c’est le chroniqueur qui est ainsi enlevé, cela relève d’une opération inexplicable. Ceux qui ont déployé autant de moyen pour enlever un individu en territoire étranger auraient pu recruter quelques courtisans pour donner des répliques à la mesure de l’impertinence ou du toupet habituels du chroniqueur. Une solution qui a l’avantage de faire l’économie d’une polémique inutile ou pire encore d’une embrouille gratuite avec un pays voisin qui ne saurait s’accommoder d’un tel affront à la limite de l’humiliation. Rappelons que si l’infraction porte sur les textes diffusés sur les réseaux sociaux nous sommes dans le cadre de la diffamation, trop légère pour nécessiter un tel déploiement de force et d’arrogance.

Même s’il s’agit de l’opposant, il va falloir interroger la loi portant statut de l’opposition en République du Bénin. Et ce statut n’a rien à voir avec le dangereux gangster dont l’enlèvement provoque plus d’interrogations que de coutume. Peut-être aussi que tout ce tintamarre ne résulte que d’une regrettable méprise et que le frère Hounvi est hors de tout tourment. La police républicaine béninoise ne saurait être confondue à des méthodes de la gestapo ou de kidnappeurs de service. Pour Hounvi, c’est certainement une épreuve de plus si cela s’avérait une réalité. Pour le Bénin ce serait carrément une tragédie.

Nous méritons mieux que ça.

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