Éditorial par Arimi Choubade
Le “coup du marteau” de ce noir natif de l’Alsace sur l’arrogance de la macronie résonne encore partout dans la galaxie des panafricanistes. Le petit négro, Stellio Capo-Chichi (Kemi Seba), dont les origines remontent à Savalou, dans le centre-nord du Bénin, était sous la menace de 30 ans d’emprisonnement en France, le 14 octobre 2024, pour se retrouver libre de toute poursuite le 17 octobre ; tout cela en 3 jours seulement. Le miraculé lui-même n’a pas manqué d’adresser ses premiers remerciements à son avocat fétiche, Juan Branco, qui a mis à profit les 72 heures chrono pour démolir devant le parquet de Paris l’échafaudage que les services secrets (Dgsi) aurait mis des années à bâtir.
L’image était terrible : l’ami de Poutine, de Nasralla, de Prigojine, de Maduro… de l’AES (Goïta-Traoré-Tiani) au milieu de barbouzes de l’Élysée, menottes aux poings, dans les rues de Paris, en pleine invasion du Liban par Tsahal, de l’opération militaire russe en Ukraine, de contestation électorale au Venezuela et de guerre contre le terrorisme au Sahel. En attendant de savoir ce que Hollywood pense de ce vaudeville, pour de nombreux chasseurs d’infos, il s’agit d’un grand classique de la guerre entre la françafrique et le chantre de la redécolonisation de l’Afrique, la chasse poursuite entre Kemi Seba et la justice française depuis des décennies. Cela remonte aussi loin que l’adolescence de ce frontiste d’un nouveau genre, acquis à l’émancipation de son peuple, le peuple noir sous domination française surtout.
Cet épisode était attendu, de toutes les façons, après le retrait de la nationalité française à l’activiste Sahelo-sénégalo-éthiopio-ivoiro-congolo…béninois, sur instigation d’Emmanuel Macron en juillet 2024. Dès lors que l’activiste a mis les pieds sur le sol français alors qu’il n’est plus français, les étincelles ne devraient plus être bien loin. Ça n’a pas loupé. Du pain béni pour Kemi Seba qui en profite pour s’incruster davantage dans l’armure du souverainiste hors pair. Les plus incrédules du continent noir commencent par se convaincre que le gars réunit à lui seul les auras cumulées d’illustres prédécesseurs comme Sankara, Check Anta Diop, Lumumba, Nkrumah et tous les autres qui ont péri pour moins d’impertinence que ça.
Mais, admettons que le messie noir n’est toujours pas révélé dans cet Alsacien béninois virevoltant sur la scène du combat pour l’Afrique. Qui alors mieux que lui pour symboliser la cause nègre à travers le monde aujourd’hui ? Ouattara ? Talon ? Biya ? N’guema ou Deby ? Qui ? Pour ceux qui n’ont pas envie d’être Kemi Seba ou de célébrer son épopée, il leur faut bien une alternative tout aussi audacieuse. Sur le continent et partout ailleurs, il n’y a rien pour contrebalancer son discours, sa figure, sa posture, sa poigne, sa rogne et sa rage. Pendant que son enseignement est déjà mis en exergue dans le Sahel où se joue désormais l’avenir de l’Afrique émancipée ou soumise à jamais. Sans être seul dans le combat, il demeure unique dans sa catégorie.
Comment faire pour être pour la libération de l’Afrique sans être Kemi Seba ?