Opinion : ”La parole du roi, la parole du savant, la parole du roturier, et la parole du seigneur : toutes sont importantes et nécessaires pour la vitalité du royaume”, selon Père Arnaud Éric Aguénounon

Père Arnaud Éric Aguénounon

Le Père Arnaud Éric Aguénounon, philosophe politique, écrivain, essayiste et Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix/Chant d’Oiseau (Iajp/Co), a publié ce jeudi, 31 octobre 2024, une opinion intitulée ”La parole du roi, la parole du savant, la parole du roturier, et la parole du seigneur : toutes sont importantes et nécessaires pour la vitalité du royaume”.Très méticuleux sur les questions sociales et fin observateur de l’actualité nationale, il jette, par une métaphore, un regard sur l’importance de la parole dans une société.

Il est connu pour ses observations sur les questions liées à la nation béninoise. De même, ses prises de position sur ce qui concerne la masse sont aussi connues. Le Père Arnaud Éric Aguénounon, philosophe politique, écrivain, essayiste et Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix/Chant d’Oiseau (Iajp/Co), n’a pas sa langue dans la poche quelles que soient les critiques que cela lui vaut.

Qu’il vous souvienne, aux lendemains du vote de la loi n° 2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi n° 2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin, il fut l’un des premiers à monter au créneau pour porter des réserves sur des dispositions pouvant être objet de contestations. « Le Code électoral adopté semble structuré, tout bien pesé, pour faire advenir l’exclusivisme », avait-t-il indiqué dans son analyse. Il n’était pas allé par quatre chemins pour faire observer qu’en l’état, les libertés publiques et politiques risquent d’être embrigadées.

S’il a donné son avis favorable pour l’institution d’un taux en vue du financement des partis politiques, celui fixé pour les législatives n’est pas de son appréciation. « Mettre un taux pour les élections législatives, municipales et autres, je ne suis pas de cet avis-là. C’est tuer la démocratie, tuer sa vitalité, tuer la démocratie à la base », avait-il déploré avant de conclure : « Le système en passe d’être mis en place à travers le nouveau Code électoral est un système qui banalise et instrumentalise le peuple. C’est comme si on n’avait plus conscience que c’est le peuple qui vote ; c’est le peuple qui est le cœur de la vie politique, c’est le peuple qui est souverain. »

Les inquiétudes ont la peau dure !

À lire son opinion publiée ce jeudi, on dirait que, selon l’homme de Dieu, ses inquiétudes faites il y a environ sept (7) ans, ont la peau dure. D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit d’observer toutes ces voix qui se sont fait entendre à propos du même sujet. On peut citer entre autres, le colloque de la Conférence Épiscopale du Bénin sur le code électoral, le point de presse du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses, la déclaration des organisations de la société civile, l’opinion du journaliste retraité Philippe N’Seck, la sortie médiatique du Mouvement ”Objectif Bénin 2026” et la déclaration de Sabi Sira Korogoné. En un mot, l’horizon est toujours sombre pour l’avenir du Bénin. Son opinion, publiée ce jour, vient donc à point nommé.

OPINION

La parole du roi, la parole du savant, la parole du roturier, et la parole du seigneur : toutes sont importantes et nécessaires pour la vitalité du royaume.

Le Père Éric Aguénounon, Directeur de l’IAJP

Ces dernières années, la prise de parole citoyenne publique est devenue une denrée rare parce qu’elle est assimilée à un péché mortel alors que cela ne devrait pas être le cas dans une nation qui aspire à se révéler au monde. Le porteur d’une parole analytique ou critique est immédiatement prise en charge par une horde commanditée à l’aide des commandes de commodités afin d’avilir le sujet de la parole. Un peu pour dire que seuls les saints porteront la parole critique alors que les critiques portent sur le factuel, le vécu, et l’ambiance de peur qui terrorise le savant, le roturier et même le seigneur.

Le roi seul ne vit pas dans son royaume et tout royaume existe grâce au territoire et au peuple. À quoi sert un roi sans territoire, sans peuple ? Le roi a besoin de son peuple comme matrice d’expression de son pouvoir. Mieux, le peuple est le rempart contre l’invasion. Mais, d’où vient la théorie du roi seul vivant et bon vivant sur un territoire ? D’où vient la théorie de la parole royale seule voix dans un désert assourdissant ? D’où vient la théorie du roi qui parle seul… ? Ne deviendra-t-il pas plus esseulé que Robinson Crusoé ?

Un roi qui parle seul, qui n’écoute personne et qui ne sent pas le besoin d’écouter, le seigneur, le savant, le roturier, et le peuple sort peu à peu de la réalité pour devenir l’unique personnage d’un mythe rarement entendu et d’un temps hivernal tragiquement vécu. Roi mythique et esseulé dans un royaume vidé de sentiments, de sens, et d’existence dédiée au bien commun.

Et on comprend alors pourquoi la parole, le sujet de la parole, l’objet de la parole, pourtant factuel, sont tous flagellés, maltraités, crucifiés et tués. Cette société mythique inédite s’illustre et se distingue par la violente myopie systématique.

Abbé Arnaud Éric AGUÉNOUNON

Philosophe politique

Écrivain-Essayiste

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