France : grève illimitée dans un journal suite à la mise à pied du rédacteur en chef

France : grève illimitée dans un journal suite à la mise à pied du rédacteur en chef

Les journalistes de la rédaction du quotidien français “La Provence” sont en grève depuis le vendredi 22 mars 2024. Et pour cause, la mise à pied du rédacteur en chef, Aurélien Viers, suite à une Une controversée publiée au lendemain de la visite du président Emmanuel Macron à Marseille la semaine dernière. Le Syndicat national des journalistes dénonce une « ingérence éditoriale inadmissible » venant du propriétaire du journal.

Coffi Eganhoui

Le mardi 19 mars 2024, le président français était en visite dans le quartier marseillais de la Castellane pour lancer une vaste opération de démantèlement des réseaux de trafic de drogues. Le jeudi suivant, le journal “La Provence” dans sa parution affiche à la Une le titre « Il est parti et nous, on est toujours là… ». Les heures qui ont suivi, le rédacteur en chef Aurélien Viers a reçu une mise à pied et est écarté du journal par la direction du journal dont le propriétaire est le milliardaire et armateur Rodolphe Saadé.

Aussitôt, dans la journée du vendredi 22 mars 2024, les journalistes de la Rédaction de “La Provence” ont enclenché une grève illimitée pour dénoncer l’immixtion du propriétaire, réputé proche d’Emmanuel Macron dans la gestion éditoriale du journal. Dans un communiqué, le syndicat des journalistes explique qu’Aurélien Viers n’a commis « aucune faute journalistique et déontologique » qui méritait sanction. En effet, à l’intérieur du journal, on se rend compte que le titre à la Une était un extrait des propos d’un habitant du quartier de Marseille qui a reçu la visite du président français. « C’est drôle, hier ils ont trouvé tous les moyens nécessaires pour encadrer la visite du président. Il est parti, et nous on est toujours là, dans la même galère », a réagi l’habitant de la Castellane à la visite de Macron. Mais « cette citation en Une et la photo d’illustration qui l’accompagnait ont pu laisser croire que nous donnions complaisamment la parole à des trafiquants de drogue décidés à narguer l’autorité publique, ce qui ne reflète en rien les valeurs et la ligne éditoriale de votre journal », a estimé Gabriel d’Harcourt, directeur de publication du journal, dans un encart du journal le samedi 23 mars.

Toutefois, la mise à pied d’Aurélien Viers était intolérable pour les journalistes qui travaillent au sein de la rédaction. « C’est une ingérence éditoriale inadmissible, on ne peut pas laisser passer cela », a laissé entendre Audrey Letellier, déléguée syndicale du Syndicat national des journalistes (SNJ). Elle dénonce des pressions politiques qui visent à démettre le rédacteur en chef de ses fonctions. Finalement, la direction du journal a capitulé en rétablissant Aurélien Viers après « un accord » avec lui. Mais les journalistes maintiennent leur mobilisation. Ils envisagent de décourager à jamais les auteurs de telles pratiques. Dans la foulée, le journal “La Tribune-La Tribune Dimanche”, qui appartient également au milliardaire Rodolphe Saadé, est entré dans la danse avec une motion de défiance. «L’interventionnisme de Rodolphe Saadé et de sa filiale média WhyNot Media est inacceptable. Ces pratiques injustifiables laissent présager le pire pour l’ensemble des médias du groupe », a écrit la rédaction de ce journal qui appelle au respect de « l’indépendance des rédactions et la liberté éditoriale ».

Previous Article

Sénégal : portrait de Diomaye Faye, l’homme qui a quitté la prison pour la présidence

Next Article

Vers un Renouveau Africain : la Jeunesse, Gardienne de la Démocratie

You might be interested in …

Réforme constitutionnelle au Togo : « La CEDEAO doit se mêler de cela », estime Komlan Messié de la société civile

Réforme constitutionnelle au Togo : « La CEDEAO doit se mêler de cela », estime Komlan Messié de la société civile

Vues : 30 La nouvelle constitution adoptée par le Parlement togolais a mis en alerte la classe politique et la société civile. Alors que le texte est renvoyé aux députés pour une relecture, à la […]

Laisser un commentaire