Bénin – Nouvelle République ou pas ? L’ancien Président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo, éclaire l’opinion publique

Théodore Holo S'exprime

Le débat autour d’une prétendue nouvelle République qui serait issue de la modification de la constitution en 2019, bat toujours son plein. Selon Théodore Holo, c’est un mépris du droit constitutionnel.

Les clarifications de l’ancien Président de la Cour constitutionnelle sonnent comme un cours magistral de droit au sieur Bertin Koovi et consorts. Reçu ce vendredi, 7 février 2025, sur une radio de la place, Théodore Holo ne s’est pas gêné pour situer définitivement les oiseaux de mauvais augure qui ont embouché la trompette de la nouvelle République qui aurait pris effet à partir de la modification de la constitution controversée intervenue en 2019. À en croire ses explications, c’est une nouvelle constitution qui donne naissance à une nouvelle. « La loi de révision de la Constitution ne constitue pas une nouvelle Constitution », a-t-il déclaré. Selon le Professeur Holo, la distinction entre une révision constitutionnelle et l’établissement d’une nouvelle République réside dans l’adoption d’une nouvelle Constitution. « Vous avez suivi l’actualité au Togo, ils sont passés d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, c’est une nouvelle République parce qu’il y a une Nouvelle Constitution. Et généralement, il y a une nouvelle Constitution, soit après une révolution, soit après un coup d’État, ça peut être militaire ou civil, ou alors après une conférence nationale. On prend généralement le cas de la France », a précisé, l’ancien Président de la Cour constitutionnelle.

 Le cas de la France édifie

Dans ses explications, il évoqué le cas de la France, où de nombreuses révisions constitutionnelles n’ont pas conduit à une nouvelle République. « De 1958 à mars 2004, la Constitution a été révisée 25 fois, et pourtant on parle toujours de la Vème République », a-t-il fait savoir. Mieux, pour étayer la lanterne des griots du pouvoir, il est resté collé à l’expérience française, pour indiquer que la Constitution de 1958 n’avait pas prévu de limitation de mandat. Mais, a-t-il noté, en 2008, il y a une révision pour introduire la limitation à deux (2) le nombre de mandats. « La France est toujours dans la Ve République », a-t-il accentué.

À l’instar des arguments avancés par le sieur Bertin Koovi, qui se base sur le changement de nombre d’années des mandats des députés et du Président de la République comme preuves, il a battu en brèche ces élucubrations en soulignant qu’en 2000, il y a une révision de la Constitution française de 1958 pour faire passer la durée du mandat du chef de l’État de 7 à 5 ans. « On n’a pas dit qu’il y a une nouvelle République », a notamment précisé le Professeur, avant d’ajouter : « Si on était dans une nouvelle République, la France serait aujourd’hui dans la XXVème République puisqu’elle a fait 25 révisions de sa Constitution de 1958 à 2024 ». Pour couper court les débats, surtout pour ranger les affidés du pouvoir dans leurs coquilles, il ne s’est pas empêché de conclure : « Ce n’est pas parce que les gens disent que c’est une nouvelle République, que c’est une vérité scientifique. C’est ceux qui ne connaissent pas le droit constitutionnel qui peuvent se dire que parce qu’on a changé une virgule, c’est une nouvelle République. Il n’y a pas de nouvelle République au Bénin ».

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