Le 15 octobre de chaque année, le monde entier commémore la Journée internationale des femmes rurales. Pour l’édition de cette année, Reckya Madougou réitère son engagement dans le combat pour la reconnaissance du droit à la terre des femmes en Afrique. Dans une tribune rédigée depuis sa cellule de prison et publiée dans le magazine Jeune Afrique, elle expose la situation du droit foncier de la gent féminine en Afrique et attire l’attention sur les grands enjeux que cela comporte.
En Afrique, au sud du Sahara, la grande majorité des femmes en milieu rural ne sont pas propriétaires des terres qu’elles cultivent. C’est le constat fait par l’ancienne ministre de la Justice du Bénin. Une situation qui résulte des « mauvais choix stratégiques des dirigeants, notamment en matière de hiérarchisation des priorités », avec pour conséquence immédiate, l’aliénation des terres du continent par des puissances étrangères. Ainsi, les femmes subissent une double disparité dans la jouissance du droit foncier, d’une part avec leurs frères sur place et d’autre part avec des expatriés. Mais, à en croire Reckya Madougou, ces disparités engendrent des répercussions sur l’économie et le développement local. « Selon une étude de l’OCDE publiée en 2017, un accès égal aux terres pourrait augmenter la production agricole de 2,5 à 4 %, ce qui favoriserait la croissance économique et réduirait la malnutrition, faisant passer de 12 à 17 % le taux de personnes qui se nourrissent correctement », a-t-elle écrit.
Reckya Madougou prévient les dirigeants africains de la menace qui plane sur la tête de leurs Etats s’ils continuent d’entretenir les inégalités d’accès des femmes aux terres cultivables. À l’ère de la mondialisation et de l’industrialisation, les terres cultivables de l’Afrique constituent la nouvelle conquête des puissances occidentales qui n’hésiteront pas à en user pour retarder davantage l’essor du continent. « Les terres arables d’Afrique, qui représentent 60 % des surfaces non cultivées à l’échelle mondiale, sont une richesse convoitée par des multinationales véreuses, souvent aux antipodes du commerce équitable », prévient Reckya Madougou. Pour avoir assisté plusieurs pays dans l’élaboration de stratégies de financement de l’agriculture, elle recommande la révision de la réglementation sur les droits fonciers pour rétablir et reconnaître ce droit aux femmes. Le but de telles réformes est de « valoriser le rôle des femmes dans la gestion foncière, promouvoir leur accès à la formation, l’information et assurer leur participation active dans les décisions liées à la terre ».
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