Déclaration du Président Soglo à l’occasion des 2 ans de l’arrestation de Reckya Madougou

Le mercredi 03 mars 2021, alors qu’elle revenait d’un meeting conjoint organisé par les forces politiques de l’opposition à la gouvernance du Président de la République Patrice Talon, le véhicule qui l’a conduisait va être immobilisé sur le pont de Porto-Novo par les forces de l’ordre. Ces derniers armés jusqu’aux dents, vont débarquer tous les autres passagers que sont, le Professeur Frédéric Joël Aïvo, l’Ambassadeur Moïse Kérékou qui étaient également tous deux au meeting et le chauffeur du véhicule. Quatre (4) des agents de force de l’ordre vont ensuite s’emparer du véhicule avec à bord la Présidente Reckya Madougou qu’ils vont conduire de force la brigade économique et financière de Cotonou sise au quartier Akpakpa. C’est comme cela que Reckya Madougou sera kidnappée et jetée en prison. Deux ans après son enlèvement, l’ancien Président de la République, Nicéphore Dieudonné Soglo s’en souvient et en parle avec beaucoup d’émotion.
Lire ci-dessous l’intégralité de sa déclaration à cet effet.


Cotonou, le 03 mars 2023

C’était le 03 février 2021, un jour funeste pour notre jeune démocratie ; Reckya Madougou, dont la candidature à la présidentielle de 2021 a été rejetée sur la base de lois scélérates, a été arrêtée. Depuis, elle a été embastillée à l’issue d’un procès tout aussi inique, jetant ainsi un masque hideux sur l’image de notre pays.

Ma défunte épouse ne s’en est jamais remise jusqu’à sa mort. Tout le combat d’une carrière politique sacrifié sur l’autel d’une gouvernance d’acharnement.

Par sa maman, une brave femme, j’ai su que Reckya s’est forgée, en prison, une carapace solide pour faire face à l’épreuve. Je constate d’ailleurs qu’elle n’a jamais abdiqué et, qu’elle continue de peser à sa manière dans le débat public. C’est comme garder un aigle dans une cage. Accepter de souffrir pour son peuple élève le niveau de conscience.

Personnellement je suis très déçu de ne pas avoir pu obtenir sa libération depuis 2 ans. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je me suis même laissé aller à des compromis dans le but de décrisper l’atmosphère des deux côtés sans succès. De vagues promesses en arguments fallacieux. Reckya Madougou, tout comme Joël Aïvo et d’autres compatriotes croupissent toujours dans les geôles de l’intolérance, de l’arbitraire et du déni parce que la loi de la force a remplacé tout simplement la force de la loi.

Je ne me lasserai pas d’en appeler à la libération immédiate de tous les détenus politique et sans condition. Je le ferai aujourd’hui, je le ferai demain, jusqu’à ma dernière force, et, jusqu’au jour où, Reckya et les autres, vont recouvrer leur liberté
. Je me soumettrai aussi au même exercice dans quelques semaines si entre-temps, le professeur Joël Aïvo ne retrouve pas la liberté. L’histoire de notre pays s’écrit par nous-même maintenant et ici. Leurs compétences et leurs engagements manquent cruellement à la marche de notre nation vers son développement économique et social.

Nous n’avons pas fait la conférence nationale pour que des gens continuent de se voir priver de leur liberté parce qu’ils sont opposés à un régime. Notre pays est aujourd’hui confronté à de grands défis sociaux qui nécessitent l’apport de tous. Aucun projet de société ne peut prospérer pendant que des fils émérites du pays sont embastillés ou contraints à l’exil. C’est le sens de mon engagement, c’est ma responsabilité de me faire entendre lorsque ça ne va pas. Et quiconque ne dénonce pas, les travers dans une gouvernance, en est complice. Ici, se taire serait d’aller contre l’esprit même de l’historique Conférence Nationale Souveraine de février 1990 dont on vient juste de fêter les 33 ans, dans un silence assourdissant.

Je joins donc ma voix, à celle de ces millions de concitoyens farouchement hostiles au
calvaire auxquels Reckya est soumis durant toutes ces deux années ; alors que ses enfants, ses parents, ses collaborateurs et la nation ont besoin de son énergie, de son intelligence et de ses potentialités. Que tous les Béninoises et Béninois épris de progrès social et du bien-être pour tous, réclament avec moi la fin de pénitence pour Reckya et pour tous les autres prisonniers politiques. La paix de notre nation, la paix pour la nation béninoise passe par là.

Courage à toi Reckya Madougou !
Courage à vous tous prisonniers à cause de vos opinions !
Tous ensembles pour leur libération !
Et que vive le Bénin !
Je vous remercie.

Nicéphore D. SOGLO
Ancien Président de la République
Ancien Maire de la ville de Cotonou
Vice-Président du Forum des Anciens Chefs d’Etats et de Gouvernements d’Afrique,
Créé en 2006 à Maputo sous le haut patronage de Nelson MANDELA

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