Bénin / Médias: La HAAC d’Édouard Loko se radicalise

L’ancien journaliste veut une presse exclusivement aux ordres du pouvoir politique et pointe du doigt ce qu’il appelle « la déontologie de papa ». 

Edouard Loko n’est pas à son premier dérapage verbal depuis sa prise de fonction en juillet dernier. Fraîchement parachuté des bureaux de la présidence de la république pour prendre les commandes de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), l’ancien journaliste a multiplié les déclarations à controverse sur la presse béninoise. Lors de la cérémonie de prise de fonction début juillet, Edouard Loko avait dit ‘’sa honte’’ de se présenter désormais comme journaliste : « avant, on était fiers d’être journalistes, maintenant on se cache », avait-il lâché. 

Mais c’est dans son discours d’ouverture des travaux de la première session de sa mandature que le nouveau président de la Haac va véritablement dévoiler les contours de son projet pour la presse béninoise. Et il n’a rien d’enchantant pour la liberté de presse et le droit du public à une information plurielle. « Le journalisme aujourd’hui n’est plus un métier, c’est une arme que tout le monde veut posséder ou contre laquelle tout le monde veut se prémunir », fait-il remarquer. Et l’ancien président du patronat de la presse croit tenir un prétexte en béton dans les décisions prises par « les plus grandes démocraties occidentales » face aux médias qu’elles considéraient comme hostiles à leur position au lendemain du déclenchement de la guerre en Ukraine. « Elles ont fermé tous les médias pro-russes sur leur territoire sans demander l’avis du régulateur ». 

Pourquoi donc s’encombrer de scrupule face à la liberté de presse au Bénin, lorsque les plus grandes démocraties la piétinent ? Pourquoi s’embarrasser « de la déontologie de papa » quand le journalisme doit être selon l’ancien président de l’odem, d’abord et avant tout « patriotique » ? Et Edouard Loko de mettre en garde ses anciens et possibles futurs confrères (sic) contre le fait que « plus aucun pouvoir public ne permet que cette arme (les médias) soit retournée contre l’état. » D’ailleurs le nouveau président de la Haac ne trouve rien à redire du débranchement de l’émetteur de RFI en 2010, encore moins du piratage des ondes de Soleil FM « qui avait carrément remplacé l’opposition ». Dans ces deux cas, « les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités », s’est-il félicité. 

Le message est transparent : si vous souhaitez continuer à exercer votre métier de journaliste, tenez-vous à carreau !

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