Le Président de la République du Bénin, Patrice Talon, a sacrifié à la tradition constitutionnelle ce jeudi 20 décembre 2024, en décrivant l’état de la nation, face aux députés, à Porto-Novo. Malheureusement, ledit discours a le mérite d’embrasser tous les secteurs de développement, sauf les questions liées aux droits de l’Homme et de la liberté d’expression au Bénin. S’agit-il d’un oubli ? Est-ce à dessein ?
Un Président de la République visiblement satisfait de sa gestion durant l’année 2024 finissante, c’est l’impression que le discours sur l’état de la nation donne aux Béninois. La preuve, il l’a notifié tout au début de son discours, sous les acclamations de ses députés : « Nos succès sont incontestables dans tous les domaines, même si leurs effets ne sont pas toujours immédiatement perceptibles ». Heureusement ou malheureusement, un secteur a la peau dure et ne répond pas encore aux différentes thérapies. Le terrorisme.
Parlant de cela, le Chef de l’État avoue : « Malgré nos efforts qui nous permettent de contenir le mal, voire de le faire reculer, nos forces de défense et de sécurité positionnées sur nos lignes de frontière nord continuent d’être éprouvées par des terroristes en totale liberté dans des pays voisins ». Contre toute attente, sur environ une vingtaine de pages de discours, nulle mention des droits de l’Homme et de la liberté d’expression au Bénin.
Quid des droits de l’Homme et de la liberté d’expression au Bénin ?
Le silence du Chef de l’État sur les questions liées aux droits de l’Homme et de la liberté d’expression, constitue un véritable point sombre sur l’état de la nation présenté aux députés. Présenter le secteur judiciaire comme une réussite puisqu’il s’améliore de plus en plus, ne peut expliquer la gestion de ces deux préoccupations cruciales par le régime de ”la Rupture”. À en croire Patrice Talon, l’effectif insuffisant des magistrats au niveau des tribunaux à travers le pays reste largement insatisfait par faute de postulants qualifiés.
Les institutions internationales telles que Amnesty International et la Commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, le Groupe de Travail de l’Onu, la Commission Africaine des Droits l’Homme et des Peuples… peuvent prendre leur mal en patience. Les nombreux rapports sur l’état préoccupant des droits de l’Homme et de la liberté d’expression au Bénin n’émeuvent guère Patrice Talon. Il ne l’a d’ailleurs, semble-t-il, pas caché lors de son discours. Selon lui, du fait de ”la bonne gouvernance”, le pays ”continue de se distinguer et vient d’être classé 2e en Afrique et 1er de l’espace francophone d’Afrique en matière de transparence budgétaire”. « Aucune supplication, aucun râlement, aucune menace ne nous fera reculer », a-t-il martelé.
Tout laisse à croire que ceux qui espèrent l’amélioration des droits humains et de la liberté d’expression au Bénin, le retour des exilés politiques, la libération des détenus politiques, dont l’ex-Garde des Sceaux Reckya Madougou et le Professeur Joël Aïvo, tel que l’a recommandé le Groupe du Travail de l’Onu, le désengorgement des prisons et l’amélioration des conditions de vie des détenus, la révision du code sur le numérique, la redéfinition du thème ”terrorisme” dans le code pénal, n’auront jamais gain de cause. Le régime de ”la Rupture” n’entend pas céder d’un iota sur ces questions tant que ”les partenaires sont rassurés.”