Coup d’État contre la rupture par la rupture ? l’éditorial d’Arimi Choubadé

Des kilogrammes de billets de banque, par centaines, pris en photo; une capture d’écran d’un supposé compte de la filiale abidjanaise d’une banque primaire; l’arrestation de l’ami intime du chef de l’État, Olivier Boko, d’un ancien ministre, Oswald Homeky, puis du directeur de la Garde Républicaine, Tévoédjrè : tel fut le déroulé de la chronique d’un coup d’État manqué révélé à la presse nationale et internationale par Mario Metonou, le procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme, la tristement célèbre Criet. En somme, des membres du régime de la rupture chercheraient à renverser le chef du régime, Patrice Talon, à travers un scénario dont les contours demeurent touffus pour le commun des Béninois.

Dire que la justice béninoise est désormais coutumière de ces déchets de procédure, notamment au pénal, est un doux euphémisme. Il a fallu quelques heures seulement après la sortie médiatique du puissant procureur spécial (encore lui) pour que l’une des pièces à conviction du dossier soit bruyamment contestée depuis Abidjan par la banque indexée. Il était dit qu’un compte crédité de 105 millions aurait été ouvert par l’un ou les conjurés (lequel ?) au profit de l’officier putschiste durant son débauchage infructueux. Une affaire dans l’affaire en sus de la photo d’un tas de coupures de CFA estimé à 1,5 milliards en photo. Oui, tout cela se passe au Bénin, berceau de la conférence nationale et du renouveau démocratique en Afrique.

Que dire de la surprise du chef signée de l’avocat déclaré du ministre Homéky lorsqu’il affirme devant caméras et micros que du numéraire aurait été découvert dans un véhicule appartenant à son client lors de son arrestation à son domicile ? De l’auto-accusation ou de la reconnaissance d’activités délictueuses de stockage de billets de banque à domicile de son client ? Après ce demi-aveu, il ne restait qu’à l’accusation de fixer le montant de ces “numéraires” puis de leur origine qui ne saurait être que l’écurie du nouveau leader politique présidentiable, Olivier Boko que la clameur populaire présente souvent comme une caisse intarissable.

Cet autogoal de la rupture ouvre une nouvelle lucarne sur la galaxie qui gouverne le Bénin depuis 2016. Du bas peuple, ils étaient vus comme des petits princes au sommet du bonheur face à des aigris miséreux persécutés, traits, sucés jusqu’à la moelle. Ces gens si puissants, si riches et si rayonnants, au pouvoir depuis 2016, ne semblent curieusement pas aussi épanouis que s’imaginait la populace meurtrie et terrorisée. En venir à se voir menacé par ses propres amis, collaborateurs voire ses parents et autres complices est loin d’être un signe de grande sérénité. Les opposants sont en droit de se réjouir de ne pas être les seuls à n’accorder aucune crédibilité et aucune confiance au code électoral crisogène.

Nous ne sommes pas les seuls damnés de la République ?

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