Golfe de Guinée : comment les marines africaines et française travaillent à sécuriser cet espace stratégique?

Golfe de Guinée : comment les marines africaines et française travaillent à sécuriser cet espace stratégique?

Le Golfe de Guinée est un espace maritime d’une importance stratégique pour les Etats africains et européens. La sécurité de cette zone en proie à une criminalité protéiforme est une priorité pour ces Etats. La France appuie cet effort dans le cadre de l’architecture de Yaoundé.

Un espace riche miné par la criminalité

Le Golfe de Guinée qui s’étire du Sénégal à l’Angola sur 5700 km de côtes réunit 19 pays d’Afrique de l’ouest et du centre. Zone particulièrement riche, elle possède aujourd’hui 8% des réserves mondiales de pétrole. Elle recèle également du  et [TCC1] sa production halieutique est estimée à 600 000 tonnes par an. Ces richesses entraînent dans leur sillage des fléaux comme la piraterie et la pêche illicite non-déclarée et non-réglementée, pratiquée essentiellement par les navires asiatiques. Ce dernier fléau a conduit à la perte de 300 000 emplois, coûte à la région environ 10 milliards $ par an et renforce l’insécurité alimentaire dans le golfe de Guinée. Pour une région qui abrite les populations parmi les plus pauvres du monde, l’addition est particulièrement salée.  Mais pour avoir un aperçu complet du tableau, il faut ajouter à l’équation les autres pratiques criminels comme le trafic de stupéfiants, la traite d’humains et le dégazage en haute mer.

Architecture de Yaoundé : la réponse des Etats africains

Bien que limités par les moyens, les Etats de la région ne restent pas passifs face à cette situation. En 2013, les Etats membres de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et ceux de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont lancé le processus de Yaoundé. L’objectif de l’initiative est de “but de mutualiser les efforts des pays riverains du golfe de Guinée en vue notamment d’assurer la sécurité et la sûreté en mer dans cette zone.” L’Union européenne qui soutient la sécurité maritime dans la région accompagne l’architecture de Yaoundé à travers divers projets d’une enveloppe globale d’environ 100 millions d’euros.

Le soutien efficace de la France

La France a également accordé au golfe de Guinée un intérêt particulier. La zone accueille 80 000 ressortissants français. En outre, des entreprises françaises y sont présentes et l’hexagone entretient des liens historiques et culturels très forts avec les pays riverains. L’action française passe par l’organisation depuis 2015 du symposium des marines du golfe de Guinée. Ces rencontres annuelles sont axées sur le dialogue et le partage d’expérience entre marines de pays riverains du golfe et leurs partenaires internationaux.  “Elles permettent de consolider une approche commune des réponses militaires et navales aux questions relatives à la sécurité maritime dans la zone.” explique une note du ministère français des armées.

Sur un volet plus opérationnel, Paris déploie dans les eaux du Golfe de Guinée la mission Corymbe. Lancée en 1990, cette mission permet la présence dans les eaux du golfe d’un à deux bâtiments français dans cette zone qui voit passer quotidiennement quelques 1000 navires. En 2021, la mission a permis l’interception de 6 tonnes de cocaïne à bord du Najilan. En 2022, 4,6 tonnes de cocaïne ont été saisi à bord d’un navire brésilien. Un an plus tard, une autre opération a débouché sur la saisie de 805 kilogrammes de drogue. Le bilan de ces saisies s’évalue à plusieurs centaines de milliards de francs CFA.  

Au Bénin, les marines française et béninoise entretiennent des relations solides marquées par des entraînements et des exercices conjoints fréquents dans le Golfe de Guinée. Cette coopération permet une plus grande efficacité dans la sécurisation de la zone.  Au-delà du volet militaire, la coopération maritime entre les deux pays est également axée sur la recherche scientifique. C’est dans ce cadre que le récent passage d’un navire scientifique de la marine française à Cotonou a permis un partage de connaissance avec les étudiants en hydrographie et en océanographie de l’université d’Abomey-Calavi. Ces derniers ont pu observer de l’intérieur le fonctionnement du navire.

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