300 milliards de recettes sur 20 ans pour l’État béninois. C’est ce que devrait générer le transport du pétrole nigérien par le port en eau profonde spécialement aménagé à Sèmè-Kpodji. Le pipeline a déjà traversé les deux pays de part en part. 3000 béninois en attente d’un emploi. Le tout sur un investissement privé direct de près de 2500 milliards de FCFA. Du gigantisme à la chinoise pour une petite économie comme celle du Bénin. Il y a quelques semaines encore, c’était l’un des plus grands projets intégrateurs de l’Afrique de l’ouest entre le Bénin et le Niger.
Alors pourquoi subitement ce projet a disparu aussi bien des rêves, de la réalité et des discours officiels de part et d’autre ? Pas un mot sur ça le 21 décembre 2023 lorsque le président Talon est allé célébrer le financement de l’économie nationale devant les parlementaires à Porto-Novo. Silence également lors du débat présidentiel télévisé qui s’ensuivit le samedi 23 décembre 2023. Peut-être une réponse éloquente au mépris affiché par les autorités nigériennes vis-à-vis de la partie béninoise dès qu’il est question de ce projet commun aux deux États.
Pourtant l’ouvrage est bel et bien là, entièrement achevé depuis quelques semaines. Le port en eau profonde de Kraké à une quinzaine de kilomètres de Cotonou est bien visible, majestueux et n’attend que de combler ces milliers d’employés potentiels en attente. Les pipelines quant à eux ont déjà plongé leurs dards dans les profondeurs du sol béninois en 675 km sur les 2000 km au total soit 5 départements sur 12 communes concernés au Bénin.
Cette belle idylle va-t-elle devenir le plus grand tabou diplomatique entre deux pays fondateurs de la CEDEAO ? A écouter le nouvel homme fort de Niamey ce qui s’annonce à ce propos n’a rien de reluisant pour l’axe Cotonou-Niamey. Selon le général Tiani, le Niger entend déployer une stratégie complètement en déphasage avec le projet initial. Il voudrait désormais raffiner tout le pétrole nigérien sur place en le transformant en pétrole lampant, gazoil, essence. Ses marchés préférentiels sont le Burkina, le Mali, le Niger…
En restera-t-il quelque chose pour les pipelines du Bénin ?