Tchad : l’opposant Succès Masra a rendu les armes

Tchad : l’opposant Succès Masra a rendu les armes

L’avion qui transportait l’opposant s’est posé samedi dernier sur le tarmac de l’aéroport de N’Djamena presque en catimini. Après un an d’un exil forcé, le président du parti Les Transformateurs, voulait logiquement un retour triomphal sur sa terre natale. Il n’aura droit qu’aux accolades de deux ministres spécialement dépêchés par « son frère » Mahamat Déby Itno. Au pied de l’avion, ce samedi, le ministre Abderaman Koulamallah de la Réconciliation nationale, et son collègue de la Communication, Aziz Mahamat Saleh. Pas de Mahamat Déby Itno, ni de bain de foule pour celui qui est présenté comme la personnalité politique la plus populaire du Tchad depuis la mort d’Idriss Déby Itno et l’intronisation de son fils.

Par Cheikh Ousmane Kane

La stratégie de l’usure

Pourtant, Succès Masra a fait beaucoup de concessions à la junte militaire qui gouverne le Tchad depuis deux (02) ans et demi. À Kinshassa où se sont déroulées les négociations avec les autorités de la transition tchadienne, l’opposant qui vit en exil depuis la sanglante répression de la manifestation que l’opposition a organisée le 20 Octobre 2022 contre le calendrier de la transition, n’a obtenu que la suspension des poursuites engagées contre sa personne et le droit de retourner auprès des siens sans craindre de se faire arrêter. En revanche, le pouvoir a obtenu l’absolution des crimes commis ce fatidique 20 octobre, la reconnaissance de sa légitimité et la reconnaissance du calendrier de la transition jusque-là rejeté par l’opposition. Une victoire retentissante pour le Général Mahamat Déby et son équipe, obtenue grâce à la stratégie de l’usure. Le régime a en effet maintenu une pression judiciaire constante sur l’opposant depuis plus d’un an, et l’a poussé à négocier.

L’opposition incrédule

Succès Masra a beau clamer que sa « signature n’arrête pas la justice, et n’annule pas les crimes contre l’humanité » (commis le 20 octobre 2003, ndlr), le constat est là qu’avec la loi d’amnistie qu’il soutient, les auteurs des massacres du 20 octobre peuvent désormais dormir tranquilles. De quoi hérisser le reste des acteurs de l’opposition tchadienne qui ont été tenus à bonne distance de ces négociations avec la junte. Dans un communiqué publié dès le lendemain de l’officialisation de l’accord entre le pouvoir et le parti Les Transformateurs, Wakit Tamma, la coordination de la plateforme de l’opposition tchadienne a fait savoir qu’elle ne se reconnaissait pas dans ledit accord, n’ayant pas donné mandat au parti de monsieur Masra et à son chef de négocier au nom de toute l’opposition. De là à accuser Succès Masra d’avoir privilégié la carte personnelle au détriment de l’intérêt du peuple tchadien, il n’y a qu’un pas que certains de ses camarades de l’opposition n’hésitent pas à franchir. Des critiques dont se défend énergiquement l’intéressé en plaidant la bonne foi : « l’idée de fond, c’est de faire en sorte que cette transition qui a eu un décollage difficile puisse atterrir dans la douceur de manière à ce que les tchadiennes et les tchadiens choisissent leurs dirigeants », a-t-il expliqué sur le plateau de la télévision française France 24.

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