Le Port Autonome de Cotonou, poumon de l’économie nationale béninoise, régresse de plus en plus et n’est plus trop apprécié des clients. Que se passe-t-il ? D’après les informations qui nous sont parvenues, étant donné de nombreuses complications, importateurs et transitaires font désormais l’option de se tourner vers les ports de Lomé et du Nigéria.
Selon une source digne de foi, la raison fondamentale serait que des réformes au Port Autonome de Cotonou feraient endurer mille supplices aux importateurs qui font ce qu’ils appellent “le groupage“, une technique d’importation qui permet à plusieurs importateurs de se mettre ensemble, à trois, à quatre ou plusieurs, pour importer de différents produits en se servant d’un seul conteneur.
L’avantage d’une telle technique est qu’elle permettait de payer moins de frais et de pouvoir écouler sur le marché des produits qui revenaient moins chers aux consommateurs. Ce que dénonce un transitaire opérant en Chine actuellement est que lui et ses collègues sont obligés de se tourner vers les ports de Lomé et du Nigéria quand il s’agit du groupage puisque, au Port Autonome de Cotonou, la “surfacturation” serait systématique dès que les produits contenus dans les conteneurs divergent.
Le transitaire témoigne : « Même à Abidjan, c’est encore plus facile d’envoyer des conteneurs en groupage. Les gars de Lomé ont pris tous nos clients parce qu’ils font du groupage. Il y a un Ibo, la fois passée, il a été obligé de faire passer ses marchandises par le Nigéria. Ils sont nombreux. Parce qu’ils n’ont pas les moyens de prendre un conteneur personnel. Si tu as les moyens de faire conteneur plein, oui, tu peux passer par Cotonou direct avec les formalités. Pour le groupage, dès que c’est constaté au Port de Cotonou, c’est des factures de 13 ou 15 millions qui sortent parce que les produits dans le conteneur sont divers. Alors que pour un conteneur de 40 pieds, ailleurs ça fait 11 millions 700 mille environ. Ce qui ne permet même pas de payer l’argent de conteneur à Cotonou. Après cela, il faut parler des frais de bielle. Avec tout ça là, tu ne gagnes plus rien, tu perds. Tous mes collègues sont en faillite ».
A toutes ces difficultés, il faut ajouter la paperasse, les nombreuses tracasseries concernant les documents administratifs à établir. Ce transitaire déclare s’être plaint de la situation auprès de personnes censées remonter l’information pour que la donne change, mais rien n’y fit.
Etant donné tout cela, actuellement, selon nos sources dont plusieurs transitaires, le Port Autonome de Cotonou a régressé dans l’estime de nombre de ses habitués qui ont jeté leur dévolu sur les autres ports de la sous-région.
En attendant le naufrage, l’Etat ne fait rien pour corriger le tir et prendre des mesures idoines afin de permettre au Port Autonome de Cotonou de rester compétitif sur le marché international.