Le Secrétaire général de la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (CSA-Bénin), Anselme Amoussou, était l’invité de l’émission dominicale ”De vous à nous” de Peace FM.” En toile de fond, le fonctionnement du dialogue social au Bénin.
Sans détour, la mécanique de concertation entre le gouvernement de ”la Rupture” et les partenaires sociaux est désormais à l’arrêt. C’est le constat fait par le Secrétaire général de la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (CSA-BÉNIN), Anselme Amoussou, du haut de ses nombreuses années de lutte syndicale. « Le dialogue social est en panne », a-t-il affirmé.Dans une analyse critique de la situation sociale des travailleurs aussi bien du secteur privé que du public, l’invité ne voit pas venir le bout du tunnel. « Il (Ndlr : parlant du dialogue social) est en panne et, en fait, c’est progressif dans le mauvais sens. Ce qui est un peu la vitrine du dialogue social dans notre pays, qui est la grande commission des négociations gouvernement-syndicat ne fonctionne pas », a-t-il ajouté.
Selon lui, la responsabilité incombe entièrement à l’organe censé incarner la négociation bipartite entre l’État et les partenaires sociaux, qui ne remplirait plus sa mission. Il a pointé du doigt les sessions de la grande commission de négociation qui ne sont plus régulièrement organisées. « Les sessions ne sont pas tenues normalement. (…) Vous ne vous réunissez que quand eux décident de vous réunir. Ce n’est pas ça le dialogue social », a fustigé Anselme Amoussou.
A en croire ses propos, il y a une absence de volonté politique dans la mesure où le pouvoir exécutif n’a aucune volonté de faire fonctionner cette commission.
Le gouvernement dans un jeu flou
Le Secrétaire général de la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin n’a pas mâché ses mots vis-à-vis du gouvernement. « Le pire, c’est que c’est le contenu des sessions. C’est un vide abyssal. (…) La commission de négociation du gouvernement central (…) ne produit aucun résultat », a-t-il témoigné, évoquant même l’ennui ressenti par les représentants du patronat qui siègent à la Commission des négociations gouvernement-syndicats. « Ils vous disent qu’ils s’ennuient, ils ne savent pas pourquoi ils viennent », a révélé Anselme Amoussou, avant d’exprimer son regret par rapport à la non prise en compte de leurs suggestions en ces termes : « Nous avons, à maintes reprises, attiré l’attention de ceux qui dirigent la commission sur la nécessité (…) de faire une évaluation de notre commission (…) pour voir ce qu’on peut apporter comme amélioration. (…) À la date d’aujourd’hui, on n’a eu aucune réponse. »
Le syndicaliste s’en est pris également à l’administration du travail, jugée peu proactive. « Vous avez une administration du travail qui ne prend pas d’initiative, qui n’est pas dans la proximité et dans la réactivité pour régler un certain nombre de problèmes, et tout pourrit », a-t-il souligné. « On va faire le folklore des négociations, du dialogue social. (…) C’est un folklore rien que pour la presse », a-t-il déclaré. Pour preuve, il a cité la traditionnelle remise des cahiers de doléances chaque 1er mai. Cette formalité n’a pas eu lieu cette année. « Cette année, le Ministre du travail a choisi de ne pas l’organiser (…) et d’aller faire un monologue à la télévision », a déploré le Secrétaire général de la CSA-BÉNIN. Selon Anselme Amoussou, ce choix délibéré du gouvernement traduit un désengagement profond du gouvernement vis-à-vis du dialogue social.
Au final, son point de vue est sans équivoque : « Le dialogue social, je crois qu’il est complètement mort au Bénin actuellement ». Malheureusement, Il alerte sur les conséquences de l’accumulation de frustrations des travailleurs. « Vous les comprimez, vous les comprimez. Il arrivera un jour que vous ne pourrez pas les contenir », a-t-il conclu.
