L’éditorial d’Arimi Choubadé
Comment ne pas croire à l’existence d’atomes crochus entre opposants et non opposants pour ne pas dire le pouvoir ? Tout le monde sait que le plus gros problème des élections au Bénin, c’est la SÉCURISATION du vote et des résultats. Pourquoi alors le vote et l’après-vote ne figurent presque jamais dans les débats ? D’audit de fichier électoral, de liste des électeurs, de composition de CENA et de ses démembrements, il en est abondamment question. En plus des excentricités mortifères malicieusement ajoutées au code électoral par le régime de la rupture à savoir les pourcentages et les parrainages. Par contre, c’est l’entente sacrée entre tous (opposants et non opposants) lorsqu’il s’agit de tout le charlatanisme qui entoure l’expression des suffrages, le décompte des voix, la publication des résultats…
Au Bénin, le vote appartient aux électeurs mais les résultats sont la propriété privée de la CENA. Pire encore, en cas de collision manifeste entre cette dernière et la Cour constitutionnelle. Une grande curiosité au pays de la conférence nationale.
Par une extraordinaire alchimie, le législateur béninois fait une différence entre affichage et publication des résultats. En d’autres termes, les résultats peuvent être affichés mais ne doivent pas être publiés avant la CENA sous peine de sanction pour le diffuseur (médias ou non) de ces résultats prétendus provisoires. Pendant qu’au Sénégal, par exemple, les dépouillements se font en direct sur les radios et les réseaux sociaux. Dès la fermeture des bureaux de vote, plus personne n’attend une quelconque tendance venue de la CENA avant de se faire son opinion. Sous prétexte que la publication des résultats d’un bureau de vote pourrait influencer les électeurs d’un autre bureau de vote encore ouvert, la publication partielle devient une infraction, selon la législation béninoise.
Une petite illustration : en 2023, la CENA a pu faire le tour de force en donnant des tendances totalement en déphasage avec ce qui a été récolté dans les bureaux de vote frappés d’interdiction de publication, selon la loi. La CENA, entièrement sous contrôle du régime, a pu alors rendre publiques les tendances de son choix, tout en rendant caducs automatiquement les résultats bureau de vote par bureau de vote.
La Cour constitutionnelle l’a aussitôt suivie dans cette manœuvre. Or en fait d’affichage, il s’agit d’une grande manipulation. Le président de bureau de vote feint d’apposer un feuillet à peine lisible sur la porte du bureau de vote, très souvent dans une pénombre improvisée. Un affichage sans aucune sécurité qui peut disparaître à tout moment. La question : pourquoi les acteurs politiques toutes tendances confondues ne se battent pas pour que le dépouillement puisse être diffusé en direct par tous canaux disponibles ? Ça, c’est un.
Autre incongruité : la gestion des représentants des candidats et ou de partis politiques dans les bureaux de vote. Une autre escroquerie grandeur nature. Si tant est que leur présence est nécessaire pour la sécurité, la sincérité et la transparence du vote, pourquoi la loi ne la rend pas obligatoire ainsi que leur prise en charge intégrale par l’organisation du scrutin ? Cette charge devrait revenir à l’organisation du scrutin quitte à chaque parti et candidat de sélectionner ses représentants à mettre à la disposition de la CENA tout comme les membres des bureaux de vote. L’impossibilité pour un parti de supporter les charges de ses représentants sur l’ensemble du territoire ne doit pas constituer une pénalité. Mais ces sujets ne meublent jamais les revendications des acteurs politiques. À quoi ça sert de s’occuper exclusivement de l’équité des préparatifs c’est-à-dire l’avant-vote sans se préoccuper du vote proprement dit et de l’après-vote ?
Que ceux qui ont compris ce jeu bizarre nous l’expliquent !