Les assises nationales du Niger, organisées pour la refondation du pays après le coup d’État de 2023, se sont clôturées ce jeudi 20 février 2025, après six jours de travaux intenses. Les 716 délégués, venus des huit régions du pays ainsi que de la diaspora, ont formulé une série de recommandations qui marqueront l’avenir politique et institutionnel du pays.
L’une des propositions les plus marquantes des assises est la fixation de la durée de la transition à cinq ans minimum. Cette période serait renouvelable en fonction des évolutions politiques et sécuritaires. Une durée de transition plus courte avait été suggérée par certains groupes de travail, notamment ceux axés sur la paix, la sécurité et la réconciliation nationale, qui préconisaient une transition de trois ans. Toutefois, après des débats, il a été décidé que cinq ans constituaient la durée optimale pour garantir des réformes en profondeur tout en maintenant une certaine stabilité.
Une autre proposition phare des assises est la dissolution des 172 partis politiques actuellement existants au Niger. Cette mesure vise à assainir la scène politique et à permettre la mise en place de nouvelles structures politiques. En outre, les assises ont recommandé de limiter le nombre de ministères à 20, afin de simplifier et rationaliser le gouvernement.
Abdourahamane Tiani : un futur président, mais une transition inédite
Le général Abdourahamane Tiani, chef du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et leader de facto du Niger depuis le coup d’État de juillet 2023, devrait officiellement devenir président de la République, bien qu’il n’ait pas été élu. Lors de la clôture des assises, il a salué un « nouveau départ » pour le pays, en promettant de mettre en œuvre toutes les recommandations issues des travaux. Il pourrait également être promu au rang de général d’armée cinq étoiles, à l’instar de son homologue malien Assimi Goïta.
Les participants aux assises ont également suggéré que les militaires ayant pris part au coup d’État soient amnistiés et puissent être éligibles aux futures élections. Cette décision permettrait de tourner définitivement la page du passé tout en assurant une certaine stabilité à court terme.
Une des étapes cruciales des assises a été la proposition d’élaborer une charte de la transition, détaillant les termes d’une nouvelle Constitution pour le pays. Cette charte devra poser les bases d’un retour progressif à un régime constitutionnel et garantir la stabilité du processus de transition.
La question du maintien du régime républicain a fait l’objet d’un large consensus parmi les délégués. Bien que des réformes profondes soient proposées, le principe de la république a été maintenu. De plus, une autre recommandation notoire a été la reconnaissance officielle de l’islam comme religion majoritaire du pays, un sujet qui a fait l’objet de débats dans un contexte marqué par une diversité religieuse.
Recommandations sur la cohésion sociale, la chefferie traditionnelle et les droits LGBTQ+
Les travaux des assises ont également abordé des questions sociales sensibles. La sous-commission chargée de la paix et de la sécurité a proposé l’unification des horaires de prière dans le pays. Actuellement, différentes régions du Niger suivent des horaires de prière distincts, et cette proposition vise à instaurer plus de cohésion au sein de la population musulmane. L’idée, avancée par Idi Ango Omar, président de la sous-commission paix et sécurité, s’inspire de pays comme l’Arabie Saoudite et la Turquie, où les horaires sont harmonisés.
En matière de droits de l’homme, les discussions ont donné lieu à une proposition controversée : l’interdiction de tout projet visant à promouvoir les droits des LGBTQ+. Cette recommandation a suscité des réactions partagées, mais elle a été approuvée par la commission en charge de l’économie et du développement durable.
Une transition sous l’œil du CNSP
À l’issue des assises, Abdourahamane Tiani a réaffirmé son engagement à concrétiser les propositions formulées, et la charte de la transition sera prochainement soumise au CNSP pour validation. Le rôle du CNSP dans la mise en œuvre de ces réformes sera crucial pour définir la trajectoire future du Niger. Les assises ont ainsi marqué un tournant dans le processus de refondation du pays, avec des propositions qui devront être scrupuleusement suivies pour garantir un avenir politique plus stable.