Depuis l’après-midi de ce jeudi 8 mai 2025, l’église catholique dispose d’un nouveau Souverain pontife. Il a pour nom Léon XIV, de sa vraie identité Robert Francis Prevost. D’ores et déjà, les projecteurs sont tournés vers son pontificat.
Les espoirs de l’élection d’un nouveau Pape ont failli durer. Car, au deuxième jour du conclave, ce jeudi8 mai, il y a d’abord eu une fumée noire, synonyme d’un deuxième vote défavorable. Ce n’est qu’à 18h 08 mn que la délivrance intervient avec la fameuse fumée blanche qui sortait de la cheminée de la chapelle Sixtine du Vatican. L’identité du successeur du Pape François a été annoncée au balcon de la basilique Saint-Pierre par le Protodiacre, le Cardinal français Dominique Mamberti.
Ainsi, c’est le Cardinal américain Robert Francis Prevost âgé de 69 ans, issu de l’ordre de saint Augustin qui dirigera désormais l’église catholique. Né à Chicago, aux États-Unis, il a mené une partie de sa carrière au Pérou. Il devient le premier pape américain. Dans son premier discours, le 267e pape a lancé un “appel à la paix” à “tous les peuples”, après avoir été longuement acclamé par la foule. (cf sa brève biographie ci-dessous)
Les réactions !
Dans un monde enclin à des inégalités sociales et économiques, les réactions ont fusé de toute part, avec l’espoir que le nouveau Pape emboîtera le pas à son prédécesseur, très proches des couches vulnérables et des foyers de tensions.
Des États-Unis d’où il est originaire, le Président américain, Donald Trump, a adressé un message de ‘’félicitations’’, sur son réseau Truth Social. « Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays », a-t-il réagi avant d’ajouter « impatient » de rencontrer le nouveau chef de l’Église catholique. En France, pour Emmanuel Macron, c’est “un message fraternel de paix et d’espérance.” « Moment historique pour l’Église catholique et ses millions de fidèles. Au Pape Léon XIV, à tous les catholiques de France et du monde, j’adresse un message fraternel. En ce 8 mai, que ce nouveau pontificat soit porteur de paix et d’espérance », a-t-il écrit.
En Italie, le premier discours de Léon XIV est un « appel puissant à la paix, à la fraternité et à la responsabilité », a salué la Première Ministre, Giorgia Meloni. « L’Italie regarde avec respect et espoir » son « héritage spirituel, qui s’inscrit dans le sillon tracé par le Pape François », a-t-elle déclaré. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays vit toujours sous les bombes russes, a félicité le nouveau Pape. Il a dit espérer que le Vatican continuera à soutenir « moralement et spirituellement » Kiev pour « rétablir la justice et parvenir à une paix durable » avec Moscou. « L’Ukraine apprécie profondément la position constante du Saint-Siège en faveur du respect du droit international, en condamnant l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et en protégeant les droits des civils innocents », a ajouté Volodymyr Zelensky. Son adversaire, Vladimir Poutine a félicité Léon XIV, se disant certain qu’une coopération constructive se poursuivra entre Moscou et le Vatican. « Je suis sûr que le dialogue constructif et l’interaction établis entre la Russie et le Vatican continueront de se développer sur la base des valeurs chrétiennes qui nous unissent », a-t-il affirmé.
Léon XIV face à l’héritage des violences sexuelles, la crise des vocations et la réforme de la curie
L’héritage semble être lourd pour le nouveau Souverain pontife. Le pape Léon XIV, issu, comme nous l’avions affirmé tantôt, de l’ordre de saint Augustin, aura à faire face aux nombreux chantiers sur lesquels son prédécesseur François a démarré des travaux. Ayant pour devise, “le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède.” “Aime, et fais ce que tu veux”, cet ordre sera-t-il compatible avec l’héritage laissé de Pape défunt ! En tout cas, la tâche la plus immédiate, selon certaine source, sera de poursuivre les travaux du synode sur la synodalité, cette grande assemblée qui a réfléchi à l’avenir d’une Eglise plus inclusive en 2023 et en 2024.
En effet, selon cette source, c’est une figure imposée de l’immédiat après-conclave : après une période où s’affichent les divergences de vues, il incombe au Pape Louis XIV de rassurer quant à l’unité de l’Eglise. Le mode de scrutin lui-même, qui requiert une majorité des deux tiers, a été pensé pour éloigner l’ombre de la division. Une division qui serait fatale pour l’église catholique.
Carrière du cardinal américain Robert Francis Prevost
Né d’un père français et d’une mère italienne, il étudie au petit séminaire des religieux de Saint-Augustin, l’ordre auquel il restera attaché, et dans lequel il entre le 1er septembre 1977, prononce ses vœux l’année suivante, et fait sa profession solennelle en 1981. Simultanément, il obtient une licence en mathématiques à la prestigieuse université Villanova (1977), et une en théologie à Chicago ; ordonné prêtre à Rome le 19 juin 1982, c’est là qu’il prépare une licence puis un doctorat en droit canonique (avec une thèse sur le rôle du prieur des Augustins), chez les dominicains de l’Angelicum (1984). Il devient alors missionnaire augustin au Pérou, une expérience qui le marque profondément, comme chancelier d’une prélature territoriale reculée, Chulucanas. Rentré aux Etats-Unis, il est en 1987-1988 promoteur des vocations et responsable des missions dans la province augustine de Chicago. Mais il retourne au Pérou pour les 10 années suivantes, où il est professeur de droit canonique et directeur du séminaire diocésain de Trujillo, tout en exerçant d’autres fonctions en paroisse et comme official diocésain (juge canonique au nom de l’évêque). En 1998, il est élu supérieur provincial des Augustins du Midwest (province Notre-Dame du Bon Conseil), et rentre à Chicago pour exercer sa charge. En 2001, le chapitre général des Augustins l’élit prieur général, supérieur de leur ordre au niveau mondial, au cours d’une élection de 20 minutes, la plus rapide de leur histoire… Il reste à ce poste pendant deux mandats jusqu’en 2013, puis devient brièvement directeur des études du prieuré Saint-Augustin de Chicago.
En novembre 2014, il est nommé par François administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo au Pérou pendant sa vacance, et reçoit la consécration épiscopale ; c’est finalement lui qui est choisi comme nouvel évêque en 2015. Devenu un des vice-présidents de la Conférence épiscopale du Pérou (2018-2015), et administrateur du diocèse voisin de Callao, il reçoit des fonctions à la Curie romaine comme membre des Dicastères pour le Clergé (2019) et pour les Évêques (2020). En janvier 2023, à la surprise générale, François, à qui il a fait très bonne impression en audience privée, l’élève au rang d’archevêque à titre personnel, et surtout le nomme préfet du Dicastère pour les Évêques, succédant au très puissant et controversé cardinal canadien Marc Ouellet. Cette nomination est d’autant plus inattendue que Robert Prevost, s’il a certes été supérieur général de son ordre, n’a jamais occupé un siège diocésain de grande importance. En juillet 2023, il est créé cardinal diacre, et encore élevé au rang de cardinal-évêque du diocèse suburbicaire d’Albano en février 2025. Le fait qu’il soit membre de 7 dicastères de la Curie, comme de la Commission pour l’Etat du Vatican, montre assez la confiance que lui témoigne François.
Profil
Robert Prevost, après une première carrière très honorable au sein de l’ordre des Augustins, a connu encore une ascension fulgurante par la faveur du Pape François. Il n’est pas difficile de deviner que le pape apprécie en lui son expérience de pasteur de terrain dans les périphéries de l’Eglise, auprès de populations pauvres et isolées, de même que le réseau relationnel tissé aux Etats-Unis dans la mouvance de son ordre. Son sens de l’écoute, sa maîtrise des dossiers et sa capacité de synthèse sont hautement loués par ses interlocuteurs. Seul son relatif manque de notoriété empêche encore de le considérer comme papabile ; en revanche, par ses fonctions à la tête du Dicastère chargé de sélectionner les évêques, qui font de lui le véritable DRH de l’Eglise universelle (il est aussi, ex officio, à la tête de la très stratégique commission pontificale pour l’Amérique latine), ce qui lui a valu sa place parmi les grands électeurs du conclave.