La torture et les mauvais traitements ont repris du poil de la bête depuis quelques années, à la faveur de la dégradation de la situation des droits humains au Bénin. Les cas de torture et d’abus sont régulièrement signalés dans l’impunité totale. Le dernier cas signalé s’est produit entre les quatre murs du commissariat d’arrondissement d’Adjan, dans la commune de Zè (département de l’Atlantique). La vie de Marcel Houndé a basculé le jour où il a croisé le chemin de Victorien Agossou, commissaire de police dudit arrondissement. Soupçonné d’être le receleur dans une affaire de recel de moto volée, il a été arrêté à la mi-mai 2023 et cruellement cuisiné dans le secret de la salle de torture du commissariat où Victorien Agossou se serait personnellement occupé de lui. Il aurait reçu trois injections de poison dans le pied et dans les fesses avant son déferrement devant le parquet du tribunal d’Allada qui l’a immédiatement placé en détention, malgré l’état de gonflement anormal de son pied.
Intimidation de la famille de la victime.
Comme on pouvait s’y attendre l’état du détenu s’est rapidement dégradé les jours suivant sa mise en détention. Tant et si mal que la prison a finalement consenti à l’envoyer en soins à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi, sans résultats probants. La vie de la victime serait en danger.
Depuis la révélation de ce crime par nos soins, la famille de la victime subit de très fortes pressions de la part des autorités. Certains d’entre eux auraient même reçu des menaces très explicites s’ils continuent de parler aux journalistes. Dans un communiqué publié le dimanche 25 juin, le procureur général a reconnu que la visite pré-carcérale du détenu avait effectivement révélé une inflammation au pied gauche, et que monsieur Marcel Houndé avait immédiatement été transféré à l’hôpital de zone de Calavi. Une version contestée par nos sources qui indiquent que c’est d’abord à l’infirmerie de la prison que le détenu a été soigné plusieurs jours avant son transfert à l’hôpital. Mais le procureur général ne fera pas plus de commentaire : « une enquête a été ouverte, et (…) à cette étape de la procédure le parquet s’abstient de toute conclusion ou déclaration sans certitudes, pour ne pas préjudicier à l’enquête. », peut-on lire.
Les conclusions de cette enquête, et leur effet sont très attendus par la victime, sa famille et par toute l’opinion publique qui ne comprennent toujours pas comment une personne en parfaite santé peut ressortir aussi amochée d’une garde à vue.
Encadré (communiqué du procureur général)