Le Mali, en proie à une crise politique et sécuritaire, tente une nouvelle fois de trouver des solutions à ses nombreux défis à travers un dialogue inter-Maliens. Cependant, avant même le début des discussions, une vague de contestations secoue le pays, alimentée par la suspension des activités politiques annoncée par les autorités de transition. Cette décision controversée met en lumière les profondes divisions et les défis auxquels est confronté le processus de transition au Mali.
Le dialogue inter-Maliens a débuté le samedi 13 avril 2024, avec déjà des fissures dans le processus. La suspension des activités des partis politiques et des associations à caractère politique, annoncée mercredi 10 avril par le président de la Transition, Assimi Goïta, suscite des remous dans le pays. Cette mesure, censée garantir un climat de sérénité pour les discussions, selon les autorités, est qualifiée d’« illégale » et de « dictatoriale » par de nombreux acteurs politiques et de la société civile.
Dans une déclaration commune, la grande partie des partis politiques et des organisations de la société civile du Mali ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à ce dialogue, considérant qu’ils ont été exclus par la suspension de leurs activités. De même, les groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix de 2015, ne seront pas présents, tout comme les jihadistes du JNIM. Ces absences réduisent significativement la portée et la légitimité du dialogue censé ramener la paix dans le pays.
La suspension des activités politiques a également suscité des réactions internationales. Alioune Tine, fondateur du groupe de réflexion Afrikajom et ancien expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l’Homme au Mali, a traité cette mesure d’« aveu d’impuissance » des autorités de transition. Les autorités de transition, par contre, justifient cette mesure comme une nécessité pour garantir l’ordre public et accusent les partis politiques de subversion. Cependant, cette justification est largement rejetée par les critiques qui voient dans cette politique une tentative des autorités de restreindre les libertés politiques et de maintenir leur emprise sur le pouvoir.
Les travaux du dialogue au niveau communal ont pris fin le lundi 15 avril 2024. Après cette phase communale, suivront les concertations au niveau régional. La phase nationale est prévue pour début mai.