Tchad : de retour d’exil, l’opposant Succès Masra appelle à la réconciliation

Présidentielle au Tchad : Succès Masra investi candidat par le parti Les Transformateurs

Le paysage politique tchadien prend une tournure inattendue alors que Succès Masra, opposant de renom rentré d’exil en début novembre, a tenu son premier meeting, ce dimanche 19 novembre 2023, à N’Djamena. Après avoir été contraint à l’exil suite à la répression violente d’octobre 2022, le président du parti les Transformateurs semble désormais prôner la réconciliation avec le pouvoir, à seulement un mois d’un référendum constitutionnel.

Du bras de fer à l’appel à la réconciliation

Succès Masra, figure emblématique de l’opposition tchadienne, avait été l’un des instigateurs de manifestations massives le 20 octobre 2022 contre la prolongation de la Transition. Ces mouvements de protestation avaient été violemment réprimés, entraînant la mort de nombreux manifestants, l’emprisonnement ou la disparition d’autres. Selon des ONG locales, au moins 300 personnes ont été tuées. Contraint à l’exil, Masra était devenu un pionnier de la lutte contre le régime militaire, conduit par Mahamat Idriss Déby qui s’est emparé du pouvoir à la suite du décès du président Idriss Déby.

Ce 19 novembre, devant une foule de partisans réunis à N’Djamena, l’opposant a étonnamment appelé à l’« apaisement » et à ne pas réclamer vengeance. « À partir d’aujourd’hui, nos portes sont ouvertes, nos cœurs sont ouverts », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il souhaite que ses partisans ouvrent les leurs également. Il a plaidé en faveur du dialogue pour achever la transition amorcée en avril 2021 et pour que les Tchadiens puissent choisir ‘’librement’’ leurs dirigeants en 2024.

Le discours de Succès Masra semble également être une manœuvre stratégique en vue des élections prévues en 2024. Alors que l’opposition, dont de nombreux acteurs sont toujours en exil, dénonce un accord qu’elle qualifie de “dupe” entre Masra et les militaires au pouvoir, ce dernier cherche à se positionner comme une force incontournable dans la perspective du scrutin. « Les Transformateurs seront au cœur de l’ensemble de ces sujets pour l’avenir », a-t-il affirmé au sujet du référendum prochain.

Le reste de l’opposition, en exhortant au boycott du référendum du 17 décembre, critique également l’amnistie accordée aux auteurs des crimes commis en octobre 2022, dénonçant une tentative de soustraire à la justice les responsables des violences. Max Kemkoye, président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), souligne que cette amnistie pourrait protéger « les criminels (…) qui ont tué en masse, torturé, enlevé et fait disparaître les jeunes le 20 octobre 2022 ». Notons que cette amnistie fait partie des clauses ayant permis le retour de Succès Masra après des discussions avec une délégation des autorités tchadiennes à Kinshasa.

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