« Talon, c’est fini », l’éditorial d’Arimi Choubadé

Le plat de résistance de toute la tanière de la “ruse et de la rage” crève désormais les écrans : tous, vent debout pour l’après second mandat ; l’après 2026 ou plutôt l’après Talon.

Une sorte d’empressement à conjuguer le grand manitou au passé alors qu’il se démène toujours à polir les aspérités ayant estampillé son laborieux règne pour près de deux ans et demi encore. Au début, quelques-uns avaient pensé à une brève excroissance des législatives poussives de janvier 2023 dont les résultats sortis des urnes ont failli ébranler tout le système n’eut été la caducité des résultats bureaux de vote par bureau de vote décrétée par les organisateurs du scrutin, empêchant ainsi leur proclamation. Tout le monde va finalement se contenter d’un résultat en gros (et non en détail), un résultat par défaut, pour éviter des lendemains aussi sanglants que l’épisode de 2019 géniteur d’un parlement de type nord-coréen à 100% taloniste (2019-2023).

De facto, le pays semble basculer progressivement vers un irréversible “Talon c’est fini”… La constitution, même révisée, a incrusté les deux mandats maximums sur la durée de vie de chaque Béninois. Qui que vous soyez, c’est deux mandats toute votre vie ! Avatar d’un des rares moments de lucidité de la période de la terre brûlée, rythmée par les emprisonnements d’opposants, les exils forcés, les combats sanglants et autres déguerpissements sauvages de miséreux des rues et des vendeurs à la sauvette. Lutter contre la pauvreté, c’est devenu lutter contre les pauvres.

Le reste du mandat ? On s’en fout. Qu’il se débrouille tout seul. Pourtant plusieurs cratères attendent d’être convenablement apaisés. Les frontières demeurent fermées avec le principal débouché portuaire du Bénin à savoir le Niger. Les deux pays se parlent à travers un conteneur bourré de béton armé entravant le seul pont de passage sur le fleuve entre Malanville et Gaya. Aucune initiative pour aplanir les nombreux contentieux politico mafieux ayant jeté une grande partie de la classe politique et des milieux d’affaires derrière les barreaux ou sur les routes de l’exil.

Tout en continuant à prétexter d’une flamme tonitruante au président bien aimé, la troupe garde néanmoins un œil sur le prochain souper, sans “lui” naturellement. Pire, à propos du probable prochain dispensateur de prébendes et de rentes, on entend juste une clameur indicible sur fond de cacophonie des convoitises. Aucune discussion sur la réconciliation nationale après tant de larmes et de sang, sur la relance économique après les brouilles successives avec tous les limitrophes encore moins sur les perspectives pour cette jeunesse abonnée, quant à elle, à l’exode scolaire et universitaire vers un ailleurs incertain, à la cybercriminalité, à la dépravation et au spleen de génération. Seul le camp au pouvoir a d’ailleurs droit à cette empoigne pour l’après 2026 pendant que les autres se débattent encore entre la clandestinité, l’exil ou le bagne.

Les deux Bénin en face et pile, après Talon…

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