SRTB ou l’assassinat de l’audiovisuel public béninois

Bénin : BonPrésidentielle de 2026 : Wilfried Léandre Houngbédji revient sur la position de Patrice Talonayi n’a plus de « revanche » à prendre selon Wilfried Léandre Houngbédji

Dans une réforme mise en œuvre dernièrement, la présidence de la république du Bénin a formellement mis la main sur l’audiovisuel national en le transformant en une société anonyme. Cela s’est fait en dépit de l’article 5 du code de l’information et de la communication.

Par Julien Coovi

Pas-à-pas, les réformes de l’ORTB se mettent progressivement en place. Après le changement de statuts et la création d’une nouvelle Société de Radiodiffusion et Télévision du Bénin, le président de la République a signé le 17 janvier dernier le décret de nomination du comité de rédaction. Un comité de six personnes dont trois viennent de la direction de la communication de la présidence de la république. En tant que président du comité, monsieur Wilfried Léandre Houngbédji, Porte-parole du gouvernement et directeur de la communication de la présidence de la République depuis 2016 sera accompagné de deux autres membres de sa direction. Il s’agit de René Talon, membre de la famille du chef de l’État et ancien rédacteur en chef de la radio nationale, et de Sinatou Saka. Les trois autres membres sont Marc Laurent Lyiwola du ministère de la digitalisation, William Codjo du ministère du tourisme et Victor Lawin du ministère des sports.

Organe suprême d’orientation éditorial de la SRTB, le comité de rédaction est l’instance qui définit la ligne éditoriale des médias du groupes et veille à sa mise en œuvre stricte. « La mise en place d’un comité éditorial piloté, qui pis est, depuis la présidence de la République transforme très officiellement la radiotélévision publique en outil de propagande de l’Exécutif », commente Deo Gracias Kindoho, un ancien présentateur vedette du journal parlé de l’ORTB, tombé en disgrâce depuis cinq ans pour ses prises de position tranchées sur la gouvernance du régime Talon.

De fait, les organes de presse de service public étaient déjà d’une certaine façon sous le contrôle total du pouvoir exécutif depuis une vingtaine d’années avec l’élection du président Boni Yayi. Cette inféodation de l’ORTB, de l’ONIP et de l’Agence Bénin Presse à la présidence de la république s’est accentuée depuis l’avènement du pouvoir de la Rupture et a été marquée par la disparition brusque et quasi définitive de toute contradiction des antennes et des colonnes de ces médias. Le changement de statuts de l’ORTB n’est donc qu’une régularisation d’une situation de fait.

Simplement, la création de la SRTB s’est faite en violation de la loi. L’article 5 du code de l’information et de la communication promulgué en mars 2015 stipule que l’organe de presse de service public est un « outil étatique d’information, d’éducation, de développement et de promotion des valeurs morales et culturelles, qui n’est ni gouvernemental, ni privé, ni commercial, ni communautaire. Il est accessible à tous et s’adresse à tous, indépendamment du sexe, de la religion, de l’âge, de I ‘appartenance politique, du statut social ou économique des uns et des autres. ll offre une information impartiale et des émissions d’intérêt général ayant un contenu national. L’État assure son financement. Tout comme l’Etat, la HAAC garantit son autonomie et son indépendance ». C’est cette mission qui est aujourd’hui compromise par le décret portant création de la SRTB qui sera chargée de « promouvoir les actions de développement du gouvernement ». Exit donc le pluralisme des opinions, exit la diversité dans les choix éditoriaux


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