Le samedi 9 septembre dernier, le président sénégalais Macky Sall a désigné son dauphin pour l’élection présidentielle de mars 2024. Ce sera sans surprise l’actuel premier Ministre, Amadou Ba. Un choix cohérent selon plusieurs observateurs, mais qui divise.
Par Cheick Ousmane Kane
Il n’y aura donc pas davantage de suspense pour la coalition au pouvoir ‘’Benno Bokk Yakaa’’. Le 9 septembre dernier, le président Macky Sall a réuni les responsables des différents partis politiques composant cette coalition pour leur communiquer son choix pour les prochaines batailles présidentielles. « Nous avons retenu monsieur Amadou Ba, actuel Premier ministre, comme candidat de Benno Bokk Yakaar (BBK) et de la grande majorité présidentielle », a-t-il dit dans un message lu en sa présence par son Haut représentant, Moustapha Niasse. Dans un pays déchiré par la violente rivalité entre lui-même et son principal opposant Ousmane Sonko, le président Sall estime que « Amadou Ba pourrait être un leader rassembleur au-delà de la coalition au pouvoir ». S’il était élu, le président sortant a également chargé son dauphin « d’assurer la poursuite des politiques économiques, sociales et environnementales contenu dans le plan Sénégal émergent ».
À 62 ans, Amadou Ba a une longue expérience gouvernementale. Entré pour la première fois au gouvernement le 02 septembre 2013 en tant que ministre de l’économie et des finances, il y restera jusqu’au 1er novembre 2020 en tant que ministre des affaires étrangères. Il y a tout juste un an, le 17 septembre 2022, le président Macky Sall le retirait de l’assemblée nationale où il venait de se faire élire, pour lui confier les charges de premier ministre du Sénégal.
Même s’il est entré dans la coalition gouvernementale en tant que chef d’un modeste mouvement politique, et malgré les hautes fonctions politiques qu’il a assumées jusque-là, Amadou Ba est plus vu par les sénégalais comme un technocrate que comme un véritable homme politique. Avant son entrée au gouvernement, le dauphin de Macky Sall a été Directeur des Impôts en 2004, puis Directeur général des Impôts et Domaines en 2006
Chef du gouvernement depuis septembre 2022, Amadou Bâ faisait partie des favoris pour les joutes électorales du février 2024 parmi la dizaine de candidatures déclarées pour la succession de Macky Sall. Parmi les autres prétendants figuraient également le ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, le directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques et ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, l’ancien ministre de l’Intérieur devenu président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo, ou encore l’ancien Premier ministre Mahammed Dionne.
Même si cette désignation a été entérinée par une réunion de haut niveau des leaders autour du Président, les avis sont partagés en ce qui concerne la capacité de monsieur Ba à assurer la victoire au premier tour comme l’envisagent les “pro-Macky”.
“Il a la confiance du président mais pas celle du peuple”
“Amadou Bâ n’est pas chef de parti, il n’est pas chef de la coalition donc il aura un problème de légitimité pour diriger la coalition ” affirme Mamadou Sy Albert analyste politique du Sénégal. Selon lui, il revient à Amadou de travailler pour asseoir cette confiance au sein des militants de la coalition. “C’est vrai qu’il a la confiance du président du parti mais pas encore celle des militants” a conclu l’expert.
L’autre favori, le ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a démissionné du gouvernement et de ses responsabilités à l’Alliance pour la République (APR) le parti politique de Macky Sall, quelques heures après l’annonce du choix de monsieur Ba.