Ousmane Sonko s’est adressé au peuple sénégalais, ce vendredi 27 décembre 2024, conformément aux dispositions constitutionnelles et réglementaires. Une déclaration de la politique générale, après un état des lieux de la situation du pays. Globalement, de belles perspectives économiques, sociales, culturelles, politiques et environnementales s’ouvrent pour le peuple de la Teranga.
En somme, c’est une vision claire du Sénégal, un discours sur les grandes orientations de l’action gouvernementale, articulées autour du nouveau Référentiel des politiques publiques, dénommé ‘’Sénégal 2050.’’
En effet, dans une longue description, le Premier Ministre, Ousmane Sonko, a passé en revue tous les projets et programmes de développement socio-économique pour l’amélioration du quotidien des Sénégalais, après un diagnostic général et un état des lieux de la gouvernance du régime défunt de Macky Sall. Ainsi, de belles perspectives économiques, sociales, culturelles, politiques et environnementales au cœur des politiques publiques ont été déclinées pour les cinq (5) prochaines années, échelonnées sur les vingt-cinq (25) prochaines années.
La reddition des comptes, la santé, la problématique de l’eau, l’assainissement, les filets sociaux, l’agriculture, les zones économiques spéciales, les agropoles, l’ingénierie, l’industrialisation, la fiscalité, les défis environnementaux, la Casamance, la situation dans les Universités, le taux de déperdition scolaire, la jeunesse et l’emploi, les pôles territoires dans le cadre du pouvoir économique des Collectivités territoriales, la justice, la culture et le sport. Aucun secteur n’est laissé pour compte.
S’appuyant sur la résilience du peuple sénégalais et sur la détermination de la couche juvénile, Ousmane Sonko a invité à « la poursuite sincère d’une prospérité partagée par tous et chacun, loin des ressources pour quelques-uns. ». À en croire ses propos, le projet d’un « Sénégal Souverain, Juste et Prospère », sera bâti avec l’impératif d’opérer « une rupture d’une profondeur et d’une portée jamais vues dans notre pays, depuis notre accession à l’indépendance il y a soixante-quatre (64) ans, en partant de la courbe plongeante de notre histoire ».
Une rupture avec le modèle économique colonial
Selon le Premier Ministre, le Sénégal hérité du régime de Macky Sall est un modèle en panne, dans une Afrique sacrifiée. La principale raison à l’en croire, le pays de la Teranga serait resté enfermé dans le modèle économique colonial, exportant ses matières premières (or, poisson, arachide, phosphate, zircon…) avec peu de valeur ajoutée et important des produits finis. Cette politique aurait pour conséquences, un énorme déficit de la balance commerciale de l’ordre de 3.300 milliards en 2023, presque 17% du PIB, une économie peu compétitive, une croissance trop faible et trop fragile, un secteur privé national qui ne décolle pas et un territoire national peu aménagé et pauvre. C’est pourquoi, « dès sa prise de fonction, a indiqué Ousmane Sonko, le Président de la République a chargé le Gouvernement de mettre en place un plan d’actions d’urgence dans l’attente de l’adoption du nouveau référentiel des politiques économiques et sociales ».
Un doigt accusateur sur le régime de Macky Sall
L’état des lieux réalisé, dès l’entrée du nouveau régime, n’a pas été reluisant, à en croire les propos du 1er Ministre. « Le Gouvernement a enregistré d’importantes réalisations au cours de ces huit (08) derniers mois, en s’attaquant à la mère des batailles, à savoir l’établissement de la situation de référence des finances publiques, de l’état des lieux des contrats au niveau des secteurs stratégiques et la reddition des comptes. L’audit des finances publiques entrepris sur la période du 1er mars 2019 au 31 mars 2024 est particulièrement révélateur des dérives du précédent régime. Les manquements ont pour noms : un déficit budgétaire et de la dette publique minorés, une suspension des financements attendus en 2024 du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale et le gel du programme économique et financier appuyé par le FMI », a-t-il révélé, avant d’ajouter : « À ce tableau noir, il faut ajouter les graves scandales dans la gestion foncière, qu’il s’agisse de l’occupation du Domaine public maritime (DPM) ou de l’accaparement de terres sans commune mesure, par des privés et des sociétés civiles immobilières écrans, au niveau des lotissements de zones foncières. » Cet accaparement de terres concerne notamment les domaines entre Dakar et Thiès, sans occulter la prévarication et la privatisation du patrimoine foncier et bâti de l’État. Chose curieuse notée, « le Ministère en charge de la Fonction publique (Ndlr, parlant de l’actuel Ministre, membre du nouveau régime), a recensé environ 29 000 contractuels recrutés en marge de la réglementation en vigueur », afin de masquer l’ampleur du passif de mauvaise gestion. D’où, l’initiation bientôt d’une nouvelle loi d’amnistie pour abroger l’ancienne afin d’ouvrir la voie à des poursuites contre les dirigeants de l’ancien régime, dont éventuellement, l’ex-Chef d’État, Macky Sall. « Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, encore moins de vengeance. (…) Il s’agit de justice, pilier sans lequel aucune paix sociale ne peut être bâtie », a déclaré Ousmane Sonko.
Nous reviendrons, dans nos prochaines publications, secteur par secteur, sur cette déclaration à la nation du 1er Ministre.