18 septembre 2024

Selon A. Tiani, l’ennemi, c’est la démocratie

Selon A. Tiani, l'ennemi, c’est la démocratie

Dans un entretien réalisé en fin de semaine sur la télévision nigérienne, le Chef du pouvoir militaire a laissé entendre que c’est le virage démocratique de la CEDEAO en 1991 qui aurait détourné l’organisation de ses objectifs.

Par Cheikh Ousmane Kane

Deux semaines jour pour jour après l’annonce du retrait (avec effet immédiat) de son pays de la CEDEAO, le Général Abderrahmane Tiani était face à un journaliste de la télévision nationale nigérienne pour expliquer les raisons de la décision du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) qu’il dirige.

Sanctions inhumaines et illégales

Parmi les raisons évoquées, l’ex-chef de la garde présidentielle a souligné la cruauté l’embargo économique et financier imposé à son pays, au mépris de la mission d’intégration économique de la CEDEAO, et en violation de ses propres textes. “Comment peut-on comprendre qu’une organisation dont la mission première est l’intégration économique, puisse placer un de ses membres sous embargo total pour des raisons de politique interieure?”, s’est interrogé le chef de la junte nigériane. Quelques jours après le coup d’état, l’organisation sous-régionale avait en effet décidé de la fermeture totale de toutes les frontières terrestres et aériennes avec les autres membres de l’organisation. Ces sanction avait provoqué la rupture totale des approvisionnements en denrées essentielles et le gel des exportations de ce pays enclavé du Sahel.

“La France contrôle la CEDEAO”

Pour le chef militaire, ces sanctions étaient la preuve d’une rupture de la CEDEAO avec son mandat. Une rupture, intervenue selon avec l’introduction dans sa charte, d’un chapitre sur les principes politiques. “Nous ne pouvons pas accepter que les nigériens continuent de mourir parce que nous appartenons à une organisation qui ne correspond plus à la réalité depuis le 6 juillet 1991 quand on avait introduit un chapitre qu’ils ont appelé la déclaration de principe politique”, martèle Abbderrahamane Tiani. Pour le chef militaire, la déclaration de principes politiques serait le cheval de Troyes de la France dans l’organisation.

Procès de la démocratie

Car c’est à un violent réquisitoire contre la démocratie que s’est livré dimanche dernier le leader de la junte militaire au pouvoir à Niamey. Abderrahmane Tiani s’attaque de façon indifférenciée au discours de la Baule (Juin 1990), au multipartisme et au virage démocratique du continent après la chute du mur de Berlin. Tiani regrette l’annonce à la conférence de la Baule, de la fin de l’ère de l’amitié et de la coopération. Une époque faste pour les régimes d’exception vu que l’ex-puissance coloniale ne s’occupait que de ses intérêts sur le continent, et ne se préoccupait guère des violations des droits humains et des questions de démocratie. “Mais beaucoup ne savaient pas ce qui se cachait derrière ce discours, prévient le général. Le Discours de la Baule n’avait nullement pour objectif de faire le bonheur des africain, il avait pour objectif inavoué la balkanisation de nos maigres états.” Totalement désinhibé sur la question, Abderrahmane Tiani a même trouvé une certaine vertu aux dictatures de l’époque : “ Baule avait pour objectif de fragiliser nos État en prônant le multipartisme et en ressuscitant les instincts que les supposés dictatures (sic) avaient su contenir bon gré mal gré”. Traduction : c’est à la démocratie qui a favorisé la prolifération de groupes armées terroristes ou séparatistes dans la région.

Et puis il conclut, sentencieux : “Les états auraient dû sortir de la CEDEAO dès 1990 au lendemain du discours de la Baule”

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