20 septembre 2024

Rentrée 2023 – 2024 : des certitudes et des doutes

Rentrée 2023 - 2024 : des certitudes et des doutes

La rentrée 2023-2024 s’est faite lundi avec des certitudes, mais également beaucoup de questions sans réponses. Entre les écoles inondées, la question de la carrière des Aspirants, la précarité de certains personnels et les inégalités autour des cantines scolaires, l’École béninoise rouvre ses portes avec de vieilles questions non résolues.

Par Coffi Eganhoui

C’est parti pour neuf (9) autre mois de cours et d’examens au Bénin. Des centaines de milliers d’écoliers, d’élèves et lycéens et d’étudiants béninois retournent en classe à partir de ce mois de septembre 2023. La rentrée officielle a eu lieu lundi 18 septembre sur toute l’étendue du territoire. Comme depuis quelques années, il n’y a pas eu de report. Les négociations entamées il y a quelques semaines ont permis au gouvernement et aux responsables syndicaux de s’accorder sur un minimum afin que les cours reprennent effectivement le lundi 18 septembre 2023 sur toutes l’étendue du territoire national. Comme depuis la réforme du droit de grève en 2018, le spectre des grèves ne menacera pas cette année scolaire. Les engagements pris par le gouvernement sont de loin, le facteur fondamental ayant permis un début de rentrée apaisé. Un état d’esprit qui est à mettre à l’actif du gouvernement dont la détermination à assainir et à apaiser le secteur de l’éducation ne fait plus l’objet d’aucun doute.

Preuve supplémentaire de cette détermination, le gouvernement Talon semble avoir pris en compte cette année les critiques qui lui ont été faites concernant le déploiement des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME). Jusqu’à l’année dernière, des milliers de classes étaient restées sans enseignants dans plusieurs matières, à cause d’un déploiement tardif des AME. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Tous les AME connaissaient déjà leurs affectations plusieurs jours avant la rentrée. De plus, la mesure de paiement d’une avance aux AME a été reconduite cette année.

Des écoles dans l’eau

Enfin, dans les lycées, collèges et écoles publiques, tous les nouveaux responsables administratifs sont déjà connus. Chacun d’eux a déjà pris fonction à leur nouveau poste depuis les vacances.

Mais en dépit de ces mesures du gouvernement, des problèmes persistent.
Si la rentrée des classes a officiellement démarré lundi dernier, plusieurs établissements publics ne sont pas en mesure d’accueillir les apprenants. Les dernières averses qui se sont abattues sur la partie méridionale du pays ont plongé certaines écoles dans l’eau rendant impossible toute activité pédagogique. Pour ces écoles, beaucoup de voix s’étaient élevées pour recommander un report de la rentrée au moins jusqu’au début du mois d’octobre.
Cantines scolaires

Par ailleurs, les autorités n’ont fait jusqu’à présent aucune annonce sur l’ouverture des cantines scolaires. Cette initiative lancée en 2017 avait pour but de maintenir les enfants à l’école au moins jusqu’au CEP, en assurant presque gratuitement le repas de midi aux écoliers. Les cantines scolaires qui auraient dû être déployées dans toutes les écoles publiques du Bénin depuis des années, et étaient prévues pour s’ouvrir dès le premier jour de la rentrée. Jusqu’au moment de la mise sous presse de cet article, la grande majorité des établissements scolaires publics ne disposent toujours pas de cantine et le gouvernement n’a fait aucune communication sur les nouveaux établissements devant bénéficier de cette œuvre.

Carrière des AME

Face à la pénurie d’enseignants qualifiés, les différents gouvernements du Bénin font preuve d’ingéniosité depuis des années. Celui du président Talon a inventé en 2019 « l’Aspiranat », une catégorie d’enseignants recrutés sur le tas et mis à la disposition des écoles, le temps d’une année scolaire. Véritables tâcherons de l’éducation nationale, leur sort a toujours fait l’objet de beaucoup de débat. C’était encore le cas en août dernier lors des discussions du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats. « La grosse revendication, c’est d’abord le reversement des AME », a souligné Kassa Mampo, le secrétaire général de la CSTB au sortir d’une réunion le 8 septembre dernier. Les AME espèrent désespérément un reversement dans la fonction publique, alors qu’ils seront encore payés 09 mois sur 12 cette année. Ce à quoi va s’ajouter le calvaire du nombre d’heures de cours par semaine avec les heures supplémentaires des années précédentes qui restent impayées. Tous ces points qui ont été régulièrement mis sur la table des négociations par les responsables syndicalistes, mais peinent à obtenir des réponses concrètes de la part du gouvernement.

Les classes culturelles

Aux cas des AME, s’ajoutent ceux des encadreurs des classes culturelles, cette vieille idée du gouvernement béninois qui a finalement pris corps courant janvier – février 2023. L’idée est de ramener les arts dans les lycées et collèges et de permettre à des vocations de naître ou à des talents d’émerger. C’est en tout cas l’une des stratégies mises en Place par le gouvernement pour développer les industries et le tourisme culturels, piliers essentiels du soft power béninois version Patrice Talon. C’est dans ce cadre que des dizaines d’encadreurs de classes culturelles ont été déployés au début de cette année civile dans les lycées et collèges publics. À cette date, le gouvernement reste leur devoir quelques mois de salaire. En ce début de la nouvelle rentrée, rien ne se dit encore au ministère de la Culture par rapport à leur situation.

L’orientation des futurs bacheliers


D’imports efforts ont été fournis depuis trois ans pour améliorer l’accès des nouveaux bacheliers à l’information, dans le cadre du choix de leurs filières. Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique édite chaque année après les résultats du bac un guide pour faciliter l’orientation des futurs étudiants. Pour beaucoup de ces jeunes et de leurs familles, ce guide arrive un peu tard. « Moi je n’aurais jamais choisi l’allemand comme langue vivante 1 si j’avais su qu’il pourrait me pénaliser dans la compétition pour les bourses », se confie un jeune bachelier du CEG 1 de Bohicon, au moment du retrait de son attestation de Baccalauréat. « Personne ne nous a expliqué ces choses-là. Même pas nos professeurs principaux », renchérit Yanelle, sa camarade qui, elle, avait eu la mauvaise idée de choisir l’espagnol. « Malgré nos bonnes mentions, nous nous ferons certainement doubler par nos camarades qui ont l’anglais », ajoute-t-elle, un peu triste.
Cette année, les ministères en charge des enseignements secondaire et technique d’une part, et de la recherche scientifique de l’autre, seraient bien inspirer de sensibiliser les candidats au Bac avant le dépôt de leurs dossiers.

Voilà donc autant de défis que le gouvernement devra encore affronter dans l’immédiat pour s’assurer d’une année scolaire apaisée et sans anicroches.

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