Le procès du journaliste Stanis Bujakera, arrêté le 08 septembre dernier, reprend ce 20 octobre 2023 en République Démocratique du Congo (RDC). Il est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat » en lien avec un article paru dans Jeune Afrique (JA) sur la mort de l’opposant Chérubin Okende.
Le procès du journaliste congolais en prison depuis le 14 septembre 2023, reprend ce vendredi 20 octobre 2023. Correspondant de Jeune Afrique (JA) et Reuters à Kinshasa, également directeur adjoint de publication du site d’informations actualite.cd, Stanis Bujakera est accusé notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’État », en lien avec un article paru le 31 août dans JA, qu’il n’a pas signé, et qui mettait en cause les services de renseignement congolais dans la mort de Chérubin Okende, opposant politique dont le corps avait été retrouvé à Kinshasa le 13 juillet 2023.
Le journaliste considère cette situation comme « un test pour la survie du journalisme indépendant ».
Arnaud Froger, responsable du bureau Investigation chez RSF, après avoir rendu visite à Stanis Bujakera à la prison de Makala, souligne : « Il nous est apparu extrêmement serein malgré la situation, combatif aussi. Il est déterminé, il est dans son bon droit, et il entend se battre pour obtenir justice et obtenir, dans un premier temps en tout cas, sa libération. Il a même dit qu’il considérait ça comme un test pour la survie du journalisme indépendant en RDC, et plus particulièrement, à l’aune d’un processus électoral qui est contesté par pas mal d’acteurs ».
Arnaud Froger a dénoncé la détention de son confrère : « C’est clairement une mise en garde. Évidemment que dans un contexte où vous arrêtez et détenez sans raison valable l’un des plus éminents journalistes d’un pays, tous les autres derrière savent un peu à quoi s’en tenir, donc c’est aussi un message qui est envoyé à l’ensemble de la presse et des journalistes ici : “Attention, si vous faites des enquêtes ou si vous avez des contacts qui ne nous plaisent pas, on peut vous tomber dessus, et on peut essayer de chercher à savoir avec qui vous parlez”. Donc c’est un message qui est catastrophique en termes de liberté de la presse. »
« Stanis est suivi pour la véracité et fiabilité de ses informations », a témoigné le responsable de Reporters sans frontières (RSF)
Faisant référence à l’article de JA qui évoquait des services de renseignements dans la mort de l’ancien ministre Okende, et ce sur la base d’un document dont les autorités congolaises ont ensuite dénoncé la véracité, Arnaud Froger assure :
« Jamais, sachant un document faux, il n’aurait publié une telle désinformation. Et quand bien même, cette hypothèse a été faite par ceux qui l’accusent, et bien pour l’instant, il n’y a absolument aucun élément qui vient la soutenir. Donc il est important que ce journaliste recouvre sa liberté, et que les charges qui pèsent contre lui soient abandonnées. On fait en sorte que cette situation-là, qui est insupportable, soit un peu un caillou dans la chaussure des autorités congolaises, pour que le droit soit dit et que ce journaliste puisse à nouveau continuer de faire ce qu’il sait faire, à savoir, du journalisme, et à l’exercer en toute liberté. »
Il conclut : « Je pense que les autorités politiques et judiciaires vont voir que ces accusations ne tiennent pas, et que donc, il n’y a plus de raisons de garder ce journaliste en prison. Il est combatif, nous on l’accompagne, et on essaie de faire en sorte que ce calvaire, qui est le sien depuis un mois et demi, dure le moins longtemps possible. »