L’éditorial d’Arimi Choubadé
Tout comme un accord avec le Niger peut devenir un passeport pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Le petit Niger d’autrefois n’auraient jamais pu tenir tête à l’orgue CEDEAO fortement appuyée par le géant Nigeria sans en pâtir durablement. Non seulement Niamey a le sentiment d’avoir vaincu mais se sent encore des forces pour faire perdurer le bras de fer en maintenant fermer sa frontière avec le Bénin supposé être son débouché naturel vers la mer sans le moindre signe d’essoufflement ou de lassitude. Finie donc l’époque où la dépendance du Niger vis-à-vis de la mer signifiait automatiquement dépendance vis-à-vis du Bénin. Le pays compte désormais triple à savoir Burkina Faso et Mali en plus. Ce qui augmente la panoplie des alternatives au corridor Cotonou-Niamey.
Qui peut imaginer une cessation d’activités au point de passage de Malanville-Gaya durant 7 mois de sanction imposée par la CEDEAO ajouté de 4 autres mois de prolongation sans qu’on ne sache très exactement à quand la fin? Le piège sans fin. Ironie du sort, le second corridor nord du Bénin vers le Burkina Faso fait également face à un grave pourrissement sécuritaire depuis quelques années. L’intrusion régulière des groupes armés non identifié sur ce tronçon y avant déjà rendu toute navigation impossible aussi bien aux personnes qu’aux biens. Pour quitter le Bénin et rallier le Burkina Faso, un détour onéreux et périlleux par le Togo s’avère nécessaire.
Ça fait un paradoxe qu’au moment où le port de Cotonou est engagé dans d’ambitieux travaux d’agrandissement et de modernisation, ses corridors les plus emblématiques se meurent. Tout l’hinterland Niger, Burkina, Mali voire Tchad se ruait sur les routes béninoises généralement plus sécurisées du fait d’un relief très peu accidenté. Cette remarquable manne financière pour le trésor public béninois se conjugue désormais au passé.
Pour le moment, les avatars des deux corridors du nord Bénin n’ont pas de corrélations directes mais à la longue cela pourrait devenir un casse-tête diplomatique et géostratégique. Surtout que la concurrence avec le port de Lomé se fait au grand jour. Idem pour celui de Thema au Ghana. Sans oublier les 6 ports du Nigéria qui ne rêvent que de rayonnement après avoir engloutis un important pactole pour leur modernisation. Il s’agit donc de faire plus simple en obtenant un accord de règlement de crise avec le Niger plutôt que d’être obligé de négocier plus tard avec l’AES à trois États.
Sans alliés sûrs, la souveraineté n’est qu’une pâle couverture…